Les limites de la gestion associative d’une école Montessori

Je poursuis mes réflexions sur les écoles Montessori et les limites de la gestion associative. C’est un sujet important car de nombreuses écoles ouvrent chaque année, et ce sujet de la forme juridique est souvent problématique pour les créateurs de l’école.

Une école c’est une entité économique

Premier sujet, qui n’a cessé de m’interpeller depuis des années : une école c’est une entité économique, qui distribue des paies chaque mois à ses salariés, et parfois gère des budgets conséquents de plusieurs centaines de milliers d’euros par an.

Alors oui, bien entendu, la directrice (on compte quand même une écrasante majorité de femmes dans ce rôle) est présente tous les jours, et assure le fonctionnement quotidien.

Mais qu’en est-il de la structure de gestion quand c’est une association ?

Ne pas tout faire assumer par la directrice

On l’a vu, légalement, le directrice ne peut pas totalement être aux commandes, elle ne peut agir que par délégation. Quand j’étais président du Collège Maria Montessori des Aiglons (nous nous sommes créés sous la forme associative avant de basculer en société coopérative), j’avais ainsi officialisé une délégation de signature pour pouvoir engager les dépenses à hauteur de 1000€ pour la directrice, ce qui lui permettait de fonctionner pour l’essentiel des dépenses quotidiennes sans avoir à m’en référer à chaque fois, tout en gardant un oeil pour toutes les dépenses importantes. 

Mais il faut bien garder à l’esprit d’une part que c’est une délégation, donc vous restez quand même responsable, et d’autre part que cette délégation ne peut pas être totale.

A contrario, je connais un certain nombre d’écoles où le.la trésorier.e passe tous es jours pour signer des chèques, ou alors passe une fois par semaine et en attendant pas de dépenses sauf cas d’urgence (qui pourront par exemple être remboursés sur note de frais). Il faut avouer que ce n’est pas de la plus grande souplesse, et de mon point de vue, ce n’est que le reflet du fait que la forme associative n’est pas la meilleure dans ce cas de figure.

Va pour la gestion quotidienne. 

Les assemblées générales

Lors de l’assemblée générale annuelle, on assiste aussi à un drôle de numéro : c’est évidemment la directrice qui présente le rapport d’activités de l’année écoulée, qui est généralement très écouté…mais quid du “rapport moral” présenté par le président ? Quel est son rôle ? On peut essayer de bâtir quelque chose sur les thèmes des relations avec les parents, de la vie de l’association en tant que telle, comme si on pouvait vraiment la dissocier de l’école (en tout pas pas si c’est une “association” non ouverte), mais franchement c’est un peu artificiel.

Et je ne parle pas de ces réunions du conseil d’administration ou du bureau de l’association, où c’est bien entendu la directrice, et c’est normal, qui bien que simple invitée sans droit de vote, propose et impulse les différentes décisions. C’est là encore une bien étrange manière de piloter l’école.

Et l’équipe éducative dans tout ça ?

Un dernier enjeu est celui du lien avec le personnel, l’équipe éducative en premier lieu mais aussi le reste du staff que l’on oublie souvent : cuisine, nettoyage etc. Eux ne sont pas du tout associés dans cette gouvernance associative, si ce n’est lors de l’assemblée générale annuelle. Ce qui est un peu limité stp eut entretenir des frustrations.

Vous l’avez compris, après toutes ces années, je ne suis pas un grand fan de cette gouvernance associative pour nos écoles Montessori, même si elle peut correspondre à un contexte local. 

Cela étant dit, par rapport aux différentes limites que j’ai recensées, des solutions originales existent : je voudrais vous parler dans un prochain billet du processus d’intelligence collective déployé à l’école Montessori de Lyon depuis quelques années.