Montessori en Thaïlande : un modèle inspirant

Petit rappel : le 29ème Congrès Montessori mondial aura lieu à Bangkok du 2 au 5 août 2023. C’est une occasion extraordinaire de rencontrer des gens fascinants, et de découvrir comment la Thaïlande est devenue depuis 15 ans un des principaux pays d’expansion de l’éducation Montessori. En 2017 à Prague, le 28ème congrès avait réuni plus de 2,000 personnes venues du monde entier.

Une opportunité à ne pas manquer. Informations et inscriptions ici.

Revenons à l’objet de ce post : cela fait des années que je suis fasciné par le cas thaïlandais.

J’ai découvert leur histoire à partir de 2017 grâce à mes échanges avec mes collègues formateurs australiens Christine Harrison et Bill Conway, qui ont accompagné la Montessori Association of Thailand depuis 15 ans.

Montessori comme solution pour les écoles rurales

Au départ, il y a juste un petit groupe de Montessoriens convaincus. Mais pas beaucoup de monde.

Et de l’autre côté, un gouvernement qui cherche des solutions pour remédier à la crise d’effectifs que traversent ses écoles publiques en milieu rural : pertes d’élèves, exode rural, démotivation etc. Le gouvernement lance un appel à projets pour tester de nouvelles méthodes éducatives. Seule contrainte : qu’elles soient applicables pour des groupes d’âges mélangés – compte tenu de la situation des écoles qui n’ont plus assez d’élèves.

Parmi d’autres groupements pédagogiques, notre groupe de montessoriens répond. Et propose donc une expérimentation de l’éducation Montessori dans quelques dizaines d’écoles rurales, qui est acceptée. Appuyés par nos amis australiens et quelques formatrices volontaires, le mouvement se lance et forme un premier groupe qui grandit et obtient d’excellents résultats auprès des enfants et de remotivation des enseignants.

Et c’est là qu’est le génie :

  • à partir de cette initiative top>down, se crée une petite communauté qui échange et partage l’information sur ses bons résultats. Un premier groupe de directeurs d’écoles se regroupe et partage leurs expériences, soutenus par les formateurs.
  • dès le départ, les éducateurs et éducatrices les plus motivés (et performants) sont identifiés pour constituer un futur groupe de formateurs, qui seront chargés de dupliquer les formations pour démultiplier les possibilités. Et qui en attendant participent à des séminaires, des rencontres, des conférences etc, pour faire rayonner l’initiative.

Faire grandir la communauté par étapes successives

Du coup quand quelques années après le gouvernement lance un nouvel appel à projets pour de nouvelles pédagogies innovantes (la mode a changé), c’est le 3ème coup de génie. Au lieu de réagir sur la défensive, les écoles Montessori publiques répondent présent, en accommodant la nouvelle pédagogie « à la sauce Montessori », et soutenue cette fois par la base, ravie de saisir cette nouvelle opportunité de financements. Et la communauté s’étend sur un deuxième cercle.

Et ainsi de suite, jusqu’à cette année 2023 où pour la première fois au-delà des écoles, un partenariat a été signé entre le gouvernement et l’association Montessori de Thaïlande, pour convertir à Montessori 1000 crèches publiques !

Petit à petit, l’oiseau fait son nid.

Nul doute que le congrès à venir va jouer un rôle de catalyseur supplémentaire.

Un modèle à suivre, carrément reproductible, fait de ténacité, de patience et d’un zeste de pragmatisme.

Bravo la Thailande !

De retour en Hollande pour l’AG 2023 de l’AMI !

Cela m’a tellement manqué !

Je suis enfin de retour en Hollande pour l’Assemblée Générale Annuelle de l’Association Montessori Internationale (AMI), pour la première fois en présentiel depuis 2019.

Souvenez-vous, la dernière fois nous avions assisté à un hommage très émouvant à la « Mammolina » par son arrière-petite-fille Helen Henny.

Assemblées Générales en distanciel ou en présenciel

Et depuis il y a eu la Covid-19, et le monde a basculé en virtuel pendant 3 ans. Ce n’est que cette année en 2023 qu’enfin nous « revenons » à des échanges « in real life », sans écrans qui s’interposent. Je n’ai rien contre les écrans, utilisant moi-même Zoom lors des formations que je donne sur la direction d’écoles Montessori.

Mais je dois bien avouer que pour une Assemblée Générale, le présentiel est absolument incomparable ! Nous nous sommes d’ailleurs fait la remarque au sein de l’Association Montessori Suisse : une AG en distanciel reste très « formelle », en égrenant les différents points à l’ordre du jour sans réelle possibilité de déroger à l’ordre du jour. Alors qu’en présentiel, on peut vraiment s’adapter à ce qui se passe, et cela favorise les débats et les échanges.

C’est d’ailleurs le feedback le plus courant pour mes formations à distance : les participants n’ont jamais assez de temps d’échanges !

Cela étant dit, très honnêtement, j’ai un peu hésité à m’inscrire : les programme ne paraissait pas très alléchant, avec des thèmes que je pensais connaitre par coeur, comme Montessori pour les personnes âgées par exemple, que j’ai contribué à lancer en Europe à partie de 2018 (via l’IFMM à Genève). Mais je me suis dit qu’au moins j’aurais le plaisir de retrouver mes collègues et amis de tous les pays du monde, et que rien que cela valait le coup. Et par ailleurs, j’avais une « liste de courses » à faire pour le compte de l’Association Montessori Suisse.

Et bien comment dire en fait ?

J’ai bien fait de ne pas hésiter trop longtemps.

Une Communauté Montessori plus vivante que jamais

Cette année le rendez-vous était donné non pas à Amsterdam comme d’habitude, mais à Delft, magnifique (et touristique !) petite ville proche de Rotterdam. Un peu plus compliqué à rejoindre, mais pas tant que ça (1h de trajet en train depuis l’aéroport d’Amsterdam). En raison des contraintes logistiques, le nombre de participants était limité à 250, là où les années précédentes on était monté plus près des 350 personnes.

Du coup, j’ai vraiment pu discuter avec tout le monde : toutes les personnes que je devais voir, bien sûr, mais aussi de nombreuses autres. Nous avons comme d’habitude partagé un repas avec la communauté francophone le vendredi soir (cf. photo), mais j’ai aussi échangé avec des Montessoriens venus d’Afrique, du Moyen-Orient, des Amériques, d’Asie et d’Océanie…et d’Europe aussi 😉 Bref, du monde entier.

Comme le recommande chaleureusement Lynne Lawrence, la directrice exécutive de l’AMI : faites en sorte de discuter avec 4 nouvelles personnes chaque jour !

Cela peut vous paraitre anecdotique ? Pas du tout en fait. L’AG de l’AMI est toujours pour moi un moment de ressourcement, pendant lequel on voit ce qui se passe dans le monde entier et les merveilleuses initiatives qui fleurissent partout.

La Communauté Montessori est plus vivante et plus dynamique que jamais.

Alors quand on a un petit « coup de mou » ou qu’on trouve que décidément c’est (au choix) compliqué/frustrant/trop lent/difficile… et bien savoir que la communauté Montessori se développe chaque jour dans le monde : cela fait un bien fou !

J’aurai l’occasion de revenir sur les magnifiques et inspirantes conférences auxquelles j’ai assisté dans mes prochains posts ou même, pourquoi pas, dans un ou plusieurs articles de fond.

À bientôt.

Edit : je viens effectivement de publier le 18.06.2023 un article de fond sur la conférence donnée par Cathy Rogers sur Montessori et les neurosciences. A découvrir ici.

Hommage à « Mammolina » : Maria Montessori en famille

Maria Montessori at the age of 13 in 1883.

Ce texte est la retranscription et traduction en français d’une intervention donnée par Helen Henny, arrière-petite-fille de Maria Montessori, lors de l’Assemblée Générale Annuelle de l’Association Montessori Internationale (AMI) à Amsterdam en avril 2019. Un beau souvenir et un grand moment d’émotion pour tous ceux qui comme moi ont pu y assister.

L’original du texte en anglais est consultable sur le site de l’AMI.

Bonjour à tous, bonjour à vous chers Montessoriens,

Je m’appelle Helen, du nom de ma grand-mère Helen Christy, première épouse de Mario Montessori et mère de ses quatre enfants.
Je suis la fille de Maria Elena Adelia Pace Montessori-Marilena, l’aînée de Mario et la première petite-fille de Maria Montessori.

L’influence importante de Maria Montessori sur sa famille

La famille Montessori était tellement émerveillée et heureuse de l’arrivée de ce premier enfant, de ce miracle, qu’elle l’a mise dans un panier rempli de fleurs et l’a placée au milieu de la table de la salle à manger comme pièce maîtresse. Imaginez la surprise des visiteurs qui, tout à coup, entendaient de petits gargouillis provenant des fleurs et du feuillage.
Maria, ou Mammolina comme nous l’appelons dans la famille, a eu une influence énorme sur la vie de Mario, de sa femme et de leurs quatre enfants. Et à travers eux, sur notre vie à nous, ses arrière-petits-enfants.
D’une certaine manière, elle a eu une influence directe sur le début de ma vie. 

Ma mère, qui n’était pas croyante, m’a toujours dit que si elle devait croire en quelque chose, ce serait en la réincarnation, parce que c’était le seul système de croyance qui donnait un sens à l’énorme injustice et à l’inégalité qui existaient dans le monde. Lorsqu’elle m’attendait, deux ans après la mort de Mammolina, je devais accoucher le 31 août, qui est – comme la plupart d’entre vous le savent – l’anniversaire même de Maria Montessori. Ma mère a paniqué. 
Comme elle l’a admis plus tard avec culpabilité : « Je t’ai fait sortir prématurément. Tu n’étais pas tout à fait terminée quand tu es née. Tu n’avais pas encore de cils ! ».

Quand on est enfant, on prend ces histoires pour argent comptant, mais quand j’ai été plus grand, je lui ai demandé pourquoi elle avait ressenti le besoin de faire cela. Elle m’a répondu : « J’avais tellement peur que tu sois une réincarnation de Mammolina. » Je n’ai pas compris. Pourquoi serait-ce une si mauvaise chose ? « Parce que, dit-elle, tu serais devenu un génie, ce qui ne me semblait pas être un problème non plus. Mais elle a poursuivi : « Et les génies sont seuls. Dans leur esprit, ils sont tellement en avance sur leur temps, ils fonctionnent sur un plan de pensée tellement différent, qu’ils peuvent difficilement trouver quelqu’un du même niveau intellectuel, de la même compréhension. C’est ce qui les rend solitaires. Donc, je ne voulais pas que tu deviennes un génie, je voulais que tu deviennes une personne heureuse et normale ». 
Eh bien, tout est bien qui finit bien : Je ne suis certainement pas devenu un génie. Mes cils ont fini par pousser et, pour ce qui est de la normalité… c’est aux autres d’en décider !

Mammolina, rappelle ma mère dans ses mémoires, était le centre de leur univers. Comme son fils Mario avait choisi de lui consacrer sa vie et son travail, et comme elle était une Nonna italienne, elle vivait avec son fils et sa famille. 
C’est grâce à elle que ma mère se dit italienne, même si elle, son frère Mario et sa sœur Renilde sont nés à Barcelone et que les frères et sœurs ont grandi dans plusieurs pays différents, au gré des déménagements de la famille en fonction de la situation politique ou du travail de Mammolina. En fin de compte, ma mère parlait espagnol avec son frère Mario et sa sœur Renilde, anglais avec sa mère et son plus jeune frère Rolando, et italien avec son père et sa grand-mère. Et bien sûr, elle parlait le néerlandais avec nous lorsqu’elle a épousé mon père, Jan Henny, et qu’elle est devenue mère à son tour.

Maria Montessori, une vie dédié au travail pour les enfants

La présence de Mammolina a dominé leur vie, sur le plan pratique, cognitif et émotionnel.
Lorsqu’elle préparait un cours, elle restait assise pendant des heures à sa table semi-ovale dans la salle à manger familiale, une cigarette à bout d’or au coin de la bouche, regardant à travers la fumée ses petites cartes à jouer pendant d’interminables parties de Solitaire, tout en ruminant les pensées à mettre en avant, les théorèmes à avancer. Puis elle montait dans son bureau et couchait ses pensées sur le papier, des pages et des pages couvertes de son élégante écriture. Plus tard, elle en lisait des bribes à haute voix à la famille, leur demandait leur avis, leurs réactions, ce qu’elles leur avaient fait comprendre. Puis elle réécrivait, simplifiait, améliorait.
Avant une conférence, toute la maison résonnait de ses nerfs. Que porter ? Quelle robe, quelle écharpe, quel châle, quel chapeau, quels gants ? Son apparence était toujours méticuleuse et élégante. C’est ce que sa mère Renilde avait toujours souligné. Et cela ne passe pas inaperçu :

Un journaliste néerlandais – un homme sans doute – qui rendit compte pour le Java Bode de son intervention au Congrès féministe international de Berlin en septembre 1896, ne raconta rien de son discours, du contenu de ce qu’elle était venue dire. Il s’est contenté d’exalter avec jubilation la beauté italienne de cette « petite socialiste rouge feu », ses tresses sombres et ses yeux noirs pétillants, son allure élégante et ses formulaires remplis, la douce musique de sa langue, etc. etc.
L’émancipation avait encore un long chemin à parcourir. (Et c’est encore le cas…)

Une fois arrivée à l’amphithéâtre, Mammolina restait assise pendant les présentations et les préliminaires, tripotant ses gants, ouvrant et fermant son sac à main, tournant la tige de la rose que son fils Mario lui offrait toujours avant un discours ou une conférence. 
Et puis, quand son tour était venu, elle se levait et toute la nervosité et l’incertitude disparaissaient quand elle commençait à parler de sa voix claire et résonnante. Souvent, elle abordait un sujet complètement différent de celui qu’elle avait préparé avec tant de soin. Elle ne lisait jamais de texte.

Sauf une fois, comme ma mère s’en souvient…
Les deux petits-enfants les plus âgés devaient l’accompagner à ses conférences et discours et se faire une opinion à leur sujet. Ainsi, ma mère se souvient d’avoir assisté, à l’âge de onze ans, à un événement particulièrement majestueux et officiel à la fin ou au début d’un cours. Les orateurs étaient des membres du Parlement, d’éminents professeurs et d’autres personnes éminentes, et ils lisaient tous des discours impressionnants tirés de documents impressionnants. Ma mère a remarqué que, tout en s’ennuyant mais en restant patiemment assise, Mammolina commençait à s’agiter, peut-être même un peu : manifestement, quelque chose la dérangeait. Elle cherchait nerveusement quelque chose dans son sac à main. Le soulagement se lit sur son visage lorsqu’elle trouve enfin ce qu’elle cherchait : un petit bout de papier. Lorsque son tour est venu – le dernier des orateurs – elle est montée à la tribune et a commencé à parler, d’abord timidement, en consultant attentivement son morceau de papier. Au fur et à mesure de son discours, elle s’est redressée et a parlé avec de plus en plus d’assurance et d’enthousiasme. Alors qu’elle inspirait et enthousiasmait de plus en plus son auditoire, la personne à côté d’elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil sur le morceau de papier qu’elle tenait toujours à la main : à son grand étonnement, il était vierge ! Il n’y avait rien d’écrit dessus ! 
Il s’avéra que Mammolina s’était sentie gênée d’être la seule oratrice présente à ne pas avoir écrit son discours !

Outre le fait d’être une scientifique et une féministe exceptionnelle, une femme qui, dans les dernières années de sa vie au Koninginneweg, a continué à travailler – toujours avec une cigarette à la bouche – Mammolina aimait aussi la nourriture et sa préparation avec toute la famille ; l’un de ses plats préférés était les gnocchis de pommes de terre, un travail assez éreintant à réaliser ! Pour se détendre, elle lisait des romans policiers – à son avis, les seuls livres acceptables à lire en dehors des tomes et des articles scientifiques. Elle adorait jouer à des jeux et devait absolument gagner ! Et la famille la laissait faire ! Ou bien elle emmenait Mario et Marilena au cinéma pour des séances de « binge-watching » : 4 films d’affilée. Au milieu desquels elle s’endormait, bien sûr, et se réveillait en disant soudain à voix haute : « Qui est cet homme ? Qu’est-ce qu’il fait ? » Au grand embarras de ses petits-enfants.

La célèbre scientifique Dottoressa Montessori a elle-même été une enfant, une adolescente. Une jeune fille de 13 ans que j’ai appris à connaître d’une certaine manière. Je m’asseyais en face d’elle à la table de notre salle à manger et nous échangions des regards pendant des heures lors de dîners officiels, de repas d’anniversaire et de réunions de famille. La plupart du temps, notre table de salle à manger comptait douze convives. Et comme j’étais la plus jeune de la famille, je n’avais pas grand-chose à ajouter aux conversations des adultes et nous nous regardions donc beaucoup, la jeune Maria et moi. Elle était assise bien droite, sa frange couvrant son front, ses longs cheveux noirs attachés par un nœud rouge. Sa main gauche, gantée et délicate, tenait une rose sur ses genoux. Et ses yeux, sombres et inquisiteurs.

D’après les notes méticuleuses que son père Alessandro a prises sur sa fille Maria, au fur et à mesure qu’elle grandissait, et d’après les notes qu’elle a elle-même prises à cette époque, nous savons qu’elle ne mesurait alors qu’environ 1,47 m. Elle n’était pas très douée pour les études. Elle ne s’y intéressait pas non plus. Au lieu d’écouter ses professeurs, elle imaginait de petits jeux et des pièces de théâtre. En 1884, elle entre à l’école technique pour filles Regia Scuola Tecnica Buonarroti. Mais, selon son père, elle fréquente surtout ses amis et ne montre aucune ambition réelle. Certes, elle prend des cours de piano et de théâtre et rêve même de devenir actrice. Lorsque, après l’une de ses représentations, ses amis et son professeur l’ont copieusement complimentée pour son excellente performance, elle a soudain « vu la lumière ». Elle a compris que ce n’était pas son avenir, qu’elle avait des choses plus importantes à faire. À partir de ce moment, elle s’est vraiment mise à étudier, en se concentrant d’abord sur les langues, puis sur les mathématiques. 
Elle voulait devenir enseignante et entrer à l’école normale pour femmes. Hélas, le ministère de l’éducation ne reconnaît pas son diplôme comme suffisant pour entrer dans cette école. Elle décide donc de s’inscrire à l’Istituto Tecnico Maschile Leonardo Da Vinci – une école technique pour garçons – avec l’intention de devenir ingénieur.

La parabole des « portes qui se ferment »

Il semble que ce soit la première porte de la parabole des « portes qui se ferment ». Comme Mammolina l’a expliqué à ma mère plus tard dans sa vie à travers cette parabole : elle n’avait pas choisi sa voie, son destin, elle avait été choisie, elle avait été conduite par des portes qui se sont fermées pour elle et l’ont forcée à faire un autre choix, à prendre une autre route.
Enfant, ma mère imaginait sa grand-mère, désireuse de s’inscrire à l’université, se hâtant vers la place où se dressait le bâtiment de l’université, afin de s’inscrire à l’étude de l’ingénierie. Mais, trouvant la porte fermée, elle essaya l’autre porte du bâtiment, celle de la faculté de médecine.  Le reste appartient à l’histoire.

Mais la Maria de 1883, ma compagne silencieuse à la table de notre salle à manger, était encore une jeune fille qui ne savait pas encore ce qu’elle voulait dans la vie. L’avenir s’ouvrait devant elle. Elle ne se rendait pas encore compte qu’en « fermant des portes » – comme elle le disait – elle serait poussée vers le travail important qu’elle a finalement entrepris pour le bien des enfants, de l’humanité et du monde. 
Une œuvre que vous tous ici avez reprise pour la diffuser dans le monde entier, une œuvre à laquelle vous consacrez votre temps, votre énergie, votre vie. Une œuvre qui est plus que jamais nécessaire – même si je me rends compte que chaque génération pense probablement la même chose : plus que jamais.
Je me tiens ici avec respect et admiration pour le travail que vous accomplissez tous. 
Je suis ici en mémoire de ma mère Marilena, dont ce sera le centenaire le 16 juin.
Je suis ici pour célébrer le 90e anniversaire de l’AMI. 
Je suis ici parce que je me suis rendu compte que la jeune Maria de 1883 vous appartient autant qu’à moi. 

Je souhaite donc vous présenter et vous faire don, par l’intermédiaire de l’AMI, du portrait de Maria Montessori, âgée de 13 ans, peint par le peintre A. Berrini à Rome en 1883.
Je vous remercie.


Helen Henny


*Avec mes remerciements à ma défunte mère M.E.A.P. Henny-Montessori, et à mes cousins C. Hussein-Montessori et A. Visser-Montessori pour leur contribution.

Un TED pour fêter l’anniversaire de Maria Montessori !

Lors de l’Assemblée Générale Annuelle de l’Association Montessori (Suisse) en novembre 2019, l’idée d’organiser une conférence TED pour honorer les 150 ans de la naissance de Maria Montessori a émergé d’un beau brainstorming entre nos membres.

Wouahou ! Effervescence et enthousiasme dans la salle !

Mais après… il faut gérer !

Et pour quelqu’un de très peu familier de ce format (je n’en connais que les conférences que j’ai pu visionner sur le WEB), c’est tout un monde à découvrir ainsi que des idées et cultures à associer.

Nous avons commencé nos recherches en regardant sur le site de www.ted.com, on y trouve déjà diverses informations et nous avons rapidement contacté le groupe de TEDxGeneva, responsable de l’organisation d’un TEDx par an sur Genève.

Lors de notre premier entretien, nous découvrons que nous ne pouvons pas vraiment créer de TEDx estampillé « Montessori » pour tout un tas de raisons liées au fonctionnement de TEDx.

L’organisation TED a en effet rédigé de nombreuses procédures, pour détailler son fonctionnement, ce qu’elle accepte et refuse. 

De plus, nous apprenons que, pour organiser un TEDx, il faut qu’une personne suive une formation TEDx et porte la licence. C’est un investissement en finance et en temps que nous ne pouvions pas du tout nous permettre. 

La discussion avec l’équipe TEDxGeneva a porté ses fruits. Ainsi depuis janvier 2020, l’équipe de TEDxGeneva et une équipe de l’AM(S), composée de 2 membres du comité et de 2 membres de l’association, travaillent en commun pour la réalisation de la prochaine édition TEDxGeneva..  

Le premier challenge aura été pour les 2 groupes de comprendre le fonctionnement et la culture des uns et des autres. Nous avons ainsi échangé longuement pour la création du thème : pas « trop » Montessori pour respecter les critères et le public TEDx mais orienté sur les valeurs Montessori qui rejoignent tout à fait l’esprit TED: Un monde nouveau, un changement de société, un autre regard sur l’avenir… Nous sommes ainsi ravis de pouvoir fêter Maria Montessori dans ce cadre si enthousiasmant qu’un TEDx.

Maria Montessori n’aura pas besoin d’être au centre des débats pour faire avancer les choses. Toutes ses recherches et découvertes nous invitent à avoir une ouverture d’esprit. Si elle a proposé des évolutions dans la pédagogie pour que le monde et la société évoluent, de nombreux autres aspects peuvent nous aider à contribuer à ce grand changement.

Ainsi la grande question que nous nous poserons pour l’édition 2020 de TEDxGeneva est « Break or brake ? » – « Ralentir, faire une pause ou tout casser ? »

Retrouvez-nous le 4 juillet 2021 (date plusieurs fois reportée en raison du Covid) pour cet évènement !

Je suis devenu formateur Montessori international ! (partie 2)

Quelques mois après le pilote chinois, Christine Harrison me recontacte pour me demander si je suis toujours intéressé pour participer au prochain cours d’Administrateur Montessori AMI qui aura lieu en septembre 2017, à nouveau en Chine mais à Chongqing cette fois. Ce sera le deuxième cours au monde !

Bien entendu je confirme immédiatement, m’inscris, obtiens mon visa, et me voila fin septembre 2017 dans cette mégapole de 36 millions d’habitants !! dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. 

Quelle aventure ! 

Je suis le seul véritable étranger parmi 100 participants – les 3 autres non chinois sont des expats qui vivent à Chongqing, dont 2 sont éducatrices Montessori dans une école sur place. Heureusement le centre de formation a envoyé quelqu’un me récupérer à l’aéroport, car il n’est pas toujours facile de communiquer avec les chinois, qui parlent peu anglais, ne comprennent pas toujours la langue gestuelle…La plupart des gens que je rencontre communiquent en parlant à leur téléphone qui fait la traduction via une appli…et ils vous montrent l’appli ! Mon petit problème, c’est que je pensais utiliser la wifi du centre, mais vous imaginez bien qu’à 100 étudiants, c’est interdit ! Donc il me faut utiliser une carte SIM locale, mais dans ce cas, je perds l’accès à tous les comptes, emails etc, car je suis chez Google et Google est interdit/censuré en Chine ! Bref, je m’en sortirai avec une note de téléphone astronomique et pas mal de difficultés, et mon opérateur qui me coupe la ligne…car il trouve que cette consommation inhabituelle en provenance de Chine ne peut être qu’un piratage !

L’équipe des formateurs : de gauche à droite Kathy Minardi, Bill Conway, Aidi Chen (présidente de Montessori China) et Christine Harrison

Cela étant dit, le cours, assuré par Christine Harrison, Bill Conway et Kathy Minardi qui se relaient en duos successifs est absolument fantastique : je trouve toutes les réponses aux questions que je me pose depuis des années, et même plus ! Je ressors de dix jours très intenses (un seul jour de pause, le dimanche, qui sera presque entièrement consacré aux devoirs), avec mon diplôme officiel d’Administrateur Montessori AMI, lessivé mais ravi ! Je suis enthousiaste et plus que jamais convaincu que je dois faire venir ce cours en France. Je ressens aussi que je veux jouer un rôle plus actif dans la diffusion de ce message…pour cela, un nouveau chemin se dessine : je vais commencer mon parcours pour devenir formateur !

Plus que jamais motivé, j’enchaine à un rythme effréné : suivront un autre cours en Thaïlande en janvier 2018 : je repars en Asie en tant qu’observateur cette fois. Puis je réussis à persuader les formateurs de venir faire un cours à Paris en avril 2019, le premier en Europe ! Enfin le dernier à Genève en janvier 2020, avec Christine et Cathy Swan, pendant lequel je finalise mon parcours de formateur en élaborant puis présentant plusieurs modules devant les étudiants – et en recueillant leurs évaluations, qui fort heureusement seront très positives. 

Le cours d’administrateur Montessori AMI à Genève en février 2020

3 ans pour devenir formateur AMI, finalement c’était rapide ! 

J’ai découvert tellement de choses sur le chemin : la Thaïlande et sa classe 3-6 ans de 96 enfants dans une école publique de campagne, Chongqing et son école de 25 ambiances Montessori 3-6 ans, le travail de reconnaissance officiel du curriculum (programme d’études) Montessori par les autorités publiques en Australie… 

Les portes se sont ouvertes, je ne les refermerai pas !

Les 5 + de l’apprentissage des enfants quand ils sont connectés à la Nature

De la recherche…

Les expériences des enfants avec la nature – du sac à dos en pleine nature aux plantes dans une école maternelle, en passant par une leçon sur les grenouilles dans les zones humides – favorisent-elles leurs apprentissages ? 

Jusqu’en 2019, les affirmations péremptoires dépassaient les preuves sur cette question. 

Or, depuis cette date, une étude scientifique répond clairement à la question de l’impact de la Nature sur l’apprentissage. De fait, depuis les années quatre-vingts, le domaine a mûri, non seulement en corroborant des affirmations jusque-là non-démontrées, mais aussi en approfondissant la compréhension de la relation de cause à effet entre Nature et apprentissage. Des centaines d’études portent maintenant sur cette question et les preuves convergentes démontrent que les expériences de la Nature stimulent l’apprentissage académique, le développement personnel et la gestion responsable de l’environnement. 

Une brève étude, ou plus exactement une méta-étude faisant le point sur d’autres études résume les avancées récentes et l’état actuel de la science sur la question :

Ming Kuo, Michael Barnes and Catherine Jordan, « Do Experiences With Nature Promote Learning ? Converging Evidence of a Cause-and-Effect Relationship » (Les expériences avec la nature favorisent-elles l’apprentissage ? Preuve convergente d’une relation de cause à effet), Psychology in frontiers, 19 février 2019.

La recherche sur le développement personnel et les relations à l’environnement est convaincante : 

  • une trentaine de rapports émanant d’observateurs indépendants, de chercheurs ainsi que de pédagogues participant eux-mêmes aux études, indiquent des changements quant à la concentration des enfants, leur persévérance, la résolution de problèmes, la pensée critique, le leadership, le travail d’équipe et le désir d’apprendre lorsqu’ils sont connectés à la nature. 
  • plus de cinquante études indiquent que la Nature joue un rôle clé, d’une part, dans le développement de comportements pro-environnementaux, en particulier en favorisant un lien affectif avec la nature et, d’autre part, dans la volonté des enfants de s’engager au service des autres.

En résumé, l’apprentissage d’un enfant connecté à la Nature s’améliore nettement car l’enfant est : 

  • moins stressé,
  • plus attentif et concentré,
  • plus discipliné et coopératif,
  • plus intéressé, motivé et engagé,
  • plus physiquement actif et en forme !

…à l’action

Dès lors, n’est-il pas venu le temps de prendre la Nature au sérieux en tant que ressource d’apprentissage et de développement de l’être de l’enfant ? 

L’urgence est d’introduire la pédagogie axée sur la nature et la nature dans l’éducation afin d’élargir les efforts isolés existants aux pratiques de plus en plus courantes. Il convient ainsi de développer des jardins scolaires, des cours et des murs verts dans les salles de classe. Pour la pédagogue Maria Montessori, la période allant de 12 à 18 ans est nommée Erd Kinder, ce qui signifie en hollandais : « Enfants de la Terre ». En ce sens, elle préconise une ferme que les adolescents doivent pouvoir gérer, accompagnés par les adultes. 

De notre côté, nous proposons avec Ekolo (http://www.ekolo.bio) les premières « colos » écolos en forêt en adoptant la posture montessorienne. 

Ces séjours de loisirs d’été reposent sur un premier principe : « l’autonomie des enfants ». Autrement dit, ils choisissent selon leurs envies et en fonction des contraintes en agora (ou assemblée)leurs activités. Un deuxième principe est « la santé dans l’assiette ». Autrement dit, les enfants cuisinent et mangent « bio et local » : des partenariats sont réalisés avec les producteurs locaux « bio ». Un troisième principe est « un cadre apaisant et sécurisé ». Autrement dit, alors que la loi oblige un encadrement d’un adulte pour douze enfants, ces séjours ont un adulte pour quatre enfants. Un quatrième principe est que ces séjours sont accessibles au plus grand nombre : ils sont en moyenne 15 % moins chers que les autres séjours. 

Enfin, le dernier principe est la connexion à la Nature : construction des cabanes dans la forêt, atelier de bricolage en plein air, atelier poterie et sculpture, balades en forêt, observations de la faune et de la flore, circuits à bille et à eau, promenades à vélo sur la « voie verte » en forêt, jardin potager sur place et pêche à l’étang sur place. Il en va finalement du développement de nos enfants, c’est-à-dire de la civilisation.

Conférence de Steve Hughes – “Education for life : neurosciences perspectives on Montessori education” – tenue à Vésenaz le 9 mai 2019, en partenariat avec l’Institut de Formation Maria Montessori (IFMM)

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On ne présente plus le Dr Steve Hughes, neuropsychologue pédiatrique américain, de renom membre éminent du Conseil de la Recherche de l’association Montessori Internationale.

L’objet de son intervention à Vésenaz était la confrontation entre la pédagogie Montessori et les neurosciences, au travers du concept-clé de Montessori comme une “éducation à la vie”. Un programme complexe que le Dr Steve Hughes a su rendre intelligible à tous.

Commençant par rappeler la spécificité des systèmes vivants, qui est de résister à la seconde loi de la thermodynamique en extrayant l’énergie de leur environnement pour survivre, il a présenté l’enfant comme un être vivant dépourvu de ces compétences nécessaires à sa survie. D’où l’importance de la liberté de mouvement pour l’enfant, par laquelle il va progressivement acquérir la possibilité d’interagir avec son environnement. Le cerveau est ainsi un outil extraordinaire d’adaptation à l’environnement.

Le rôle d’un environnement Montessori est avant tout de favoriser le mouvement avec but de l’enfant, ce qui permet de construire son cerveau. En ce sens, la pédagogie Montessori est directement une “aide à la vie”.

Collège Maria Montessori des Aiglons – Fête de fin d’année et exposition sur le thème de la “nourriture” – samedi 29 juin 2019

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La fête de fin d’année du Collège Maria Montessori des Aiglons a donné lieu pour la 3ème année consécutive à la présentation d’une exposition réalisée par les adolescents. Cette année, le thème était celui de la “nourriture”.

La nourriture à travers les âges et les cultures, les procédés de cuisson et leurs implications physiques (cuisson au jus de citron, cuisson au feu, cuisson par induction, cuisson solaire, etc.)

Il y en avait pour tous les goûts. 

Et bien entendu des exposés sur la crise alimentaire actuelle, la “malbouffe” et ses implications sanitaires.

L’occasion pour tous les parents et plus généralement les familles de découvrir en détail le travail réalisé par leurs enfants ainsi que pour certains leur engagement “politique” pour sauver la planète et lutter contre les abus de toutes sortes.

Après l’exposition, un repas préparé exclusivement par les adolescents, comprenant de nombreuses spécialités culinaires du monde, a permis de profiter de la belle journée estivale sur la terrasse du collège. Puis les élèves des classes de 5ème et de 4ème ont présenté un spectacle de théâtre en plein air.

Collège Maria Montessori des Aiglons – Remise des diplômes de fin de cycle 12-15 ans – mercredi 26 juin 2019

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Ce mercredi 26 juin 2019 avait lieu la remise des diplômes de fin de cycle 12-15 ans au Collège Maria Montessori des Aiglons. 9 élèves se sont vus remettre une attestation de fin de cycle, qui témoigne de leur passage au sein de l’établissement.

Une petite cérémonie a été organisée par la directrice Sylvie Coffre, qui a permis à chacun de se remémorer tout le chemin parcouru en 2 ou 3 ans, depuis l’arrivée en classe de 5ème pour la plupart d’entre eux. L’adolescence est vraiment un âge où les changements sont spectaculaires en quelques années !

Si certains ont simplement grandi et sont reconnaissables sur les photos les plus anciennes, la majorité est passée du statut d’enfant à celui de jeune adulte. Et comme reflet de cette transformation physique, l’évolution intellectuelle et émotionnelle est tout aussi marquée.

C’est d’ailleurs tout l’enjeu du projet pédagogique global de ce Collège Montessori unique en France grâce à son accueil en internat du lundi au vendredi, qui permet aux adolescents d’apprendre véritablement à vivre ensemble et à se confronter à leurs pairs. De quoi bien se préparer à la vie d’adulte !

Assemblée Générale annuelle de l’Association Montessori Suisse (AMS)

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L’AMS (Association Montessori Suisse – qui regroupe les acteurs de la communauté Montessori pour les cantons de la Suisse romande et de la Suisse italienne) organise son Assemblée Générale annuelle le mercredi 12 juin 2019 à partir de 17h, à la Maison des Associations, 15 rue des Savoises, à Genève.

Ce sera l’occasion de faire le point sur les événements de l’année écoulée, mais aussi de parler des nombreux projets. L’AMS est dans une situation particulière puisqu’en Suisse, et contrairement à de nombreux pays, le nom “Montessori” est protégé. Mais comment évaluer qu’une école respecte bien les critères correspondants à une “véritable” pédagogie Montessori ?

Par ailleurs, le Comité qui gère l’association pour le compte de ses membres sera largement renouvelé cette année : l’occasion de découvrir de nouvelles têtes et d’échanger au sein du réseau.

À la suite de l’assemblée générale, une conférence sera proposée par Jessica Scrimes, formatrice Montessori en cours de formation pour les 0-3 ans, sur le thème de Montessori pour les plus petits.

Un thème particulièrement demandé par la communauté, pour lequel Jessica pourra faire part de son expérience !