Les principales composantes de la pédagogie Montessori

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Une manière de mesurer la pertinence d’un modèle éducatif
est le niveau de bonheur d’un enfant.

Les principales composantes de la pédagogie Montessori reposent sur l’enfant lui-même, à travers les plans de développement, sur son environnement physique et son environnement social.

Maria Montessori

L’enfant au centre de l’approche Montessori 

Maria Montessori s’est préoccupée du développement de l’être humain en tant que processus qui débute à la naissance et se poursuit jusqu’à l’âge adulte, en fait pendant toute la vie…

Ce développement suit des lois naturelles, il adopte un rythme très particulier en se déroulant selon les quatre plans de développement.

C’est aux personnalités successives de l’enfant que doivent correspondre des plans d’éducation successifs. Nos méthodes ne sont pas orientées selon certains principes, mais selon les caractères inhérents aux différents âges. Il s’ensuit qu’elles comportent plusieurs plans.

Maria Montessori, De l’enfant à l’adolescent, Desclée de Brouwer.

Les 4 plans de développement et le bulbe

En 1951, Maria Montessori présente lors d’un congrès à Rome “les 4 plans de développement et le bulbe”.

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Sur cette illustration représentant un bulbe, Maria Montessori indique les changements qui s’opèrent chez l’enfant, l’adolescent et l’adulte lors des quatre plans de développement qu’elle a définis ainsi :

Premier plan, les enfants de 0 à 6 ans

On observe dès le début du bulbe tout un domaine en noir qui apparaît avant la naissance.

Entre 0 et 3 ans, la partie noire et rouge symbolise la dynamique, le bébé veut attraper ce qui l’entoure…

Dans la partie rouge, entre 3 et 6 ans, c’est « l’esprit absorbant », l’enfant absorbe son environnement de manière inconsciente.

Deuxième plan, les enfants de 6 à 12 ans

 Le schéma s’affine avec une partie en vert, c’est la construction de l’esprit conscient avec la capacité de compréhension entre 6 et 12 ans.

Pour les enfants de 6 à 12 ans commence le développement de l’homme avec un appétit de comprendre le cosmos.

Cette partie est très fine car elle se construit comme un long et grand travail.

C’est le moment de la joie d’apprendre.

Troisième plan, les adolescents de 12 à 18 ans

A 12 ans, c’est la puberté.

Dans le troisième plan de développement, on observe une partie dynamique en rouge, la personnalité change.

La partie rouge est toujours encadrée par le manteau vert, cela signifie que tout ce qui a été appris avant est intériorisé.

Ici, c’est une période de paix et d’apprentissage assidue et tranquille.

Quatrième plan, les jeunes adultes de 18 à 24 ans

A partir de 18 ans, l’adolescent se dirige vers ce que Maria Montessori a appelé « la préparation à l’homme complet ».

La mission du jeune enfant est de donner forme à cet être humain qu’il deviendra plus tard. Ainsi la nature lui donne l’énergie nécessaire à son développement psychique. Chaque période constitue une préparation à la suivante, une préparation précise, quotidienne.

Maria Montessori, L’enfant est l’avenir de l’homme, Desclée de Brouwer.

Sous le bulbe, Maria Montessori a représenté la période de « crèche » et de « pré-école ». Elle y a inscrit le nom de Friedrich Fröbel célèbre pédagogue allemand à l’origine des jardins d’enfants.

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Friedrich Fröebel (1782-1852)

Ensuite, nous pouvons lire « école élémentaire » avec le nom du pédagogue Johann Heinrich Pestalozzi, pédagogue éducateur et penseur suisse, pionnier de la pédagogie moderne.

Johann Heinrich Pestalozzi
Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827)

A partir de 10 / 13 ans, « High school » c’est l’école secondaire avec Johann Friedrich Herbart, philosophe et pédagogue allemand, considéré comme le fondateur de la pédagogie en tant que champ scientifique et académique.

Johann Friedrich Herbart
Johann Friedrich Herbart (1776-1841)

Puis, la période d’université et de culture de la civilisation.

Enfin, une marque noire avec le mot « degrés » qui représente le niveau terminal.

Dans l’approche scientifique de sa pédagogie, Maria Montessori s’est largement inspirée des recherches de ces différents pédagogues…

Pour Maria Montessori, le développement est un processus qui traverse différentes étapes amenant l’enfant progressivement vers l’indépendance.

Cet enfant qui progresse en différentes étapes, chacune ayant ses caractéristiques propres, avant d’arriver à la plénitude de ses capacités.

Maria Montessori, De l’enfant à l’adolescent, Desclée de Brouwer.

Les 4 phases du développement de l’enfant

Dans la première phase de développement, de la naissance à trois ans, l’enfant absorbe les informations autour de lui, il fait peu à peu la différence entre lui et le monde, c’est un embryon spirituel. Puis, progressivement, son indépendance peut être qualifiée de physique, l’enfant est capable de prendre soin de lui-même. Il peut dire « aide-moi à faire par moi-même ». L’enfant va construire sa confiance en soi, il est capable à 3 ans de dire « moi-je ». Il a acquis les bases du langage, de la motricité et du développement sensoriel.

Dans la deuxième phase de développement, les enfants travaillent à une indépendance morale et mentale. L’enfant construit sa pensée autonome et intellectuelle. Il peut dire « aide-moi à penser par moi-même ». L’enfant a besoin de vivre en société, en groupe, de comprendre les personnes et leurs actes. L’enfant devient un être de sens moral et de justice.

Dans la troisième phase de développement, Maria Montessori parle d’indépendance sociale et économique. Les enfants du premier et troisième plan sont centrés sur eux-mêmes.

Dans la quatrième phase de développement, Maria Montessori parle d’indépendance intellectuelle et spirituelle. A la fin de cette dernière phase, l’adulte devra avoir acquis une attitude saine face au pouvoir, à l’argent et à la vie aisée.

L’indépendance n’est pas statique, c’est la conquête d’un travail continu qui porte en soi, non seulement la liberté, mais la force d’une auto – perfection.

Maria Montessori, Les étapes de l’éducation, Desclée de Brouwer.

L’environnement physique et social de l’enfant à travers les différentes étapes 

L’ambiance de nos écoles est une ambiance révélatrice. On peut dire que sa préparation résume la forme de cette pédagogie. Son premier principe est de substituer à l’enseignement exclusivement verbal des maîtres et des professeurs, un matériel qui, présenté par une maîtresse qualifiée, permette de vaincre, de façon tangible, toutes les difficultés qui se présentent dans l’acquisition des différentes disciplines. Ici le matériel n’est pas une aide pour faire comprendre ou démontrer ce qu’explique le maitre, non, le matériel est véritablement une substitution au maitre enseignant, et il enseigne d’une manière individuelle et intime ; tandis que la parole du maître s’enfuit, le matériel reste présent, si la parole du maître donne la description ou l’indication d’une chose, le matériel représente cette chose comme un fait réel.

Maria Montessori, Les étapes de l’éducation, Desclée de Brouwer.

L’environnement que nous appelons « environnement préparé » dans une classe Montessori, permet de répondre aux mieux aux besoins de l’enfant selon les plans de développement. Cet environnement préparé comprend trois composantes essentielles :

  • Un matériel spécifique
  • L’ordre dans l’environnement
  • L’adulte

L’environnement physique de l’enfant (du premier au troisième plan) est caractérisé par le matériel qu’il va trouver dans la classe, voire à l’extérieur

Selon Maria Montessori, dans le premier plan de développement, l’environnement doit ressembler à une maison.

Dans le deuxième plan, l’environnement représente l’univers entier.

Dans le troisième plan, l’environnement doit ressembler à la campagne.

Les enfants du premier plan

Les enfants du premier plan, de 3 à 6 ans, sont accueillis dans une ambiance préparée avec soin, appelée « la maison des enfants », dans laquelle ils se sentiront comme chez eux. Durant cette phase de croissance, les enfants sont, dans ce que Maria Montessori a nommé les « périodes sensibles ».

Dans nos maisons des enfants, une lumière suffisante s’est faite pour procéder à l’élaboration d’une méthode d’éducation, tracée, dans ses lignes fondamentales, par les enfants eux-mêmes. Etudier ces phénomènes représentait une tentative pour pénétrer les secrets de la nature ; et, en effet, mon effort pour comprendre ce qui se passait sous mes yeux m’amena enfin à la découverte des « périodes sensibles ».

Maria Montessori, Les étapes de l’éducation, Desclée de Brouwer.

Les enfants trouveront dans leur ambiance du matériel leur permettant de travailler le domaine sensoriel, celui du langage, des mathématiques, de la vie pratique avec des objets de la vie quotidienne…

Les enfants du deuxième plan

Les enfants du deuxième plan ont un intellect tourné vers le monde extérieur, l’univers est leur environnement. Ces enfants ont durant cette période une grande force d’imagination. Ils vont alors explorer et appréhender ce qu’ils ne peuvent pas voir dans la réalité.

Les enfants pourront par exemple imaginer ce qu’est la photosynthèse ; dans l’ambiance de la classe, ils pourront réaliser des expériences, ils auront à leur disposition des outils pédagogiques tels que des affiches Montessori, ouvrages, etc.

Il s’agit pour l’enseignant de donner des clefs qui permettront aux enfants et à travers leur imagination d’aller explorer et d’acquérir la compréhension de la photosynthèse, de leur donner des clefs pour comprendre l’univers et l’humanité.

De même, en mathématiques, le matériel Montessori constitue une aide pour le passage à l’abstraction, ce matériel permet à l’enfant de se représenter quelque chose qu’il ne peut voir dans la réalité…

Ajoutons que le matériel est un enseignant toujours prêt, toujours beau, avec une patience illimitée, constante, et…, toujours de bonne humeur !

Ce matériel doit être toujours rangé à la même place pour que chaque enfant puisse le retrouver et s’en servir quand il le souhaite.

Le matériel permet d’atteindre la découverte jusqu’au cœur du problème et offre à l’enfant un contrôle de l’erreur. Quand la correction est offerte, elle est toujours objective.

Ainsi, l’enfant peut répéter un travail sans se décourager ni se fatiguer.

Les adolescents du troisième plan

Les adolescents du troisième plan sont davantage dans l’abstraction. Ils trouveront encore à leur disposition du matériel de mathématiques et de langage notamment, mais, dans une moindre mesure. En revanche, de nombreux outils pour favoriser leurs recherches et des expériences leurs seront proposés afin de mieux comprendre les hommes et l’univers…  Leur monde sera également davantage tourné vers l’extérieur, l’approfondissement de la biologie animale et végétale sera étayé par leurs propres cultures (jardins…) mais également par l’élevage d’animaux (lapins, poules…).

Maria Montessori insiste également sur le libre accès au matériel et la liberté de se déplacer dans la classe. Pour elle, cette liberté de déplacement est importante pour la connaissance et la compréhension. La liberté est au centre du travail de l’éducateur.

Dans son livre Les étapes de l’éducation, Maria Montessori ne parle pas uniquement d’une liberté extérieure, mais d’une construction de la liberté intérieure.

Celle-ci se construit à travers un environnement qui favorise le mouvement qui a un but : l’activité autonome, le respect du rythme et des intérêts de l’enfant.

C’est ainsi que liberté et discipline ne varient plus en sens inverse. Plus de liberté, ce n’est pas moins de discipline et réciproquement. Mais, au contraire, plus de liberté nécessite plus de discipline, et de cette discipline intérieure, naît la liberté se déployant dans l’activité.

Le matériel d’une classe Montessori encourage l’enfant à apprendre sans jugement, seulement avec l’envie d’explorer par lui-même…Ce matériel n’est pas une aide pour enseigner, il est là pour aider l’enfant à raisonner et apprendre, il aide l’enfant à développer son potentiel…

L’environnement social : les autres enfants et l’adulte, une éducation comme une aide à la vie

Les autres enfants

Il est très important dans une classe Montessori d’être en présence d’un grand groupe d’enfants d’âges mélangés. Les enfants apprennent par les autres enfants. Il se peut qu’un enfant plus jeune reçoive une présentation (petite leçon) d’un enfant plus grand. Il n’y a pas de meilleure façon pour un enfant de savoir ou il en est de ses apprentissages que de l’enseigner à un camarade. Les enfants sont stimulés par les autres enfants. De même, évoluer au sein d’un grand groupe permet à chaque enfant, y compris au plus timide, de trouver un partenaire pour partager un travail, une expérience, un exposé… sans être dans la compétition… le groupe d’âges mélangés invite à l’entraide.

Dans une classe de 3/6 ans, l’enfant centré sur lui-même travaillera seul ou à côté d’un camarade. Dans une classe de 6/12 ans, les enfants ont un comportement grégaire, ils apprécient particulièrement le travail avec un ou plusieurs camarades.

L’individualité de chaque élève est mise en contact avec la réalité et, au contact de cette réalité, le raisonnement et l’intuition s’activent, qui conduisent au-delà de la connaissance, vers la découverte. L’enfant dans la joie de raisonner et de découvrir, travaille libre, avec enthousiasme, il ne craint ni interruption, ni critique. Il réalise alors la construction de sa personnalité.

Ainsi, dans son activité autonome, l’enfant choisit le travail qui l’intéresse, il choisit également de s’y atteler seul ou avec un camarade. Il suit ainsi le cours de sa propre socialisation.

L’enfant peut prendre tout son temps pour l’activité qu’il a choisie. Il peut la recommencer autant de fois qu’il le souhaite. L’activité n’est terminée que lorsque l’enfant a rangé le matériel et l’a remis en place sur l’étagère. Il apprend ainsi la vie en communauté. Le matériel n’étant qu’en un seul exemplaire, si deux enfants veulent faire le même travail, ils doivent se mettre d’accord.

Enfin, un des concepts importants de la pédagogie de Maria Montessori repose sur la concentration. A travers des activités structurées, l’enfant accède à la concentration et ni les camarades ni les adultes ne doivent entraver cette concentration. Il est donc impératif de ne pas déranger un enfant dans son travail.

L’adulte

Pour Maria Montessori, l’éducateur est à la fois « savant et saint », au fait des dernières découvertes en psychologie et pédagogie. On ne le répètera jamais assez, l’éducateur respecte la concentration de l’enfant tout en restant prêt à intervenir s’il le faut.

L’ambiance préparée : l’éducateur doit préparer l’environnement pour proposer aux enfants un milieu structuré.

L’enfant doit trouver dans l’ambiance, quelque chose d’organisé en rapport avec son organisation intérieure.

Maria Montessori, Les étapes de l’éducation, Desclée de Brouwer.

Dans un groupe d’âges mélangés, l’adulte pourra faire des présentations, non pas à un groupe d’âges identiques, mais en fonction de l’avancée du travail de chacun, en accord avec leurs connaissances et leurs intérêts.

Les éducateurs sont exempts de jugements et d’idées préconçues.

Se substituer à l’enfant dans l’accomplissement de ses actions formatrices avec la louable intention de l’aider n’est pas ce dont il a besoin.

Maria Montessori, Les étapes de l’éducation, Desclée de Brouwer.

L’intervention des éducateurs doit être indirecte, l’enfant se développe à son rythme. L’enfant doit apprendre par sa propre expérience directe. L’adulte est un lien entre l’environnement et les enfants, entre l’univers et les enfants.

L’adulte est garant et responsable du matériel, de son entretien et de son état. Il est important de rappeler que l’environnement ne doit pas être « un supermarché » avec tout ce qu’il y a dans le monde, l’adulte doit proposer aux enfants des clefs pour développer leur compréhension de différents concepts. Pour cela, des petites sorties sont organisées par les enfants soutenues par l’adulte afin d’aller voir dehors, dans des musées…

Si l’étude de l’enfance n’intéresse de prime abord pas beaucoup l’adulte, elle prend en revanche toute son importance lorsqu’on l’envisage en tant que moteur de l’épanouissement de l’humanité dans son ensemble. Nous devons explorer ces sphères dans lesquelles l’homme se crée. Et nous devons apprendre à guider le développement de l’homme.

Maria Montessori, L’enfant est l’avenir de l’homme, cours de septembre 1946 à Londres, Desclée de Brouwer.

Principales composantes de la pédagogie Montessori : Bibliographie

Maria Montessori, De l’enfant à l’adolescent, Desclée de Brouwer.

Maria Montessori, Les étapes de l’éducation, Desclée de Brouwer.

Maria Montessori, Education pour un monde nouveau, Desclée de Brouwer.

Maria Montessori, L’enfant est l’avenir de l’homme, Desclée de Brouwer.

Cours magistraux, formation Montessori AMI, Baldegg, Suisse, 2011