« N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui.
Maria Montessori
Ce monde aura changé lorsqu’ils seront grands. »
Selon Maria Montessori, quand nous libérons les enfants de toutes obligations extérieures telles que les notes, les contrôles, les punitions et les récompenses, les enfants peuvent nourrir leur appétit intérieur en adoptant un meilleur comportement au travail.
Ainsi, sans pression, les enfants peuvent effectuer leurs activités avec joie et enthousiasme.
Les fondements de la pédagogie de Maria Montessori s’articulent autour de plusieurs concepts tels que l’auto-construction de l’être humain, les tendances humaines, la liberté et la responsabilité, l’environnement préparé, la polarisation de l’attention, mais pas seulement.
S’ajoutent également la normalisation, les âges mélangés avec un environnent adapté à travers les 4 plans de développement, et l’intérêt de travailler dans une globalité avec ce que Maria Montessori a appelé « l’éducation cosmique ».
Mais en quoi consiste l’auto-construction de la personne humaine ? Est-il possible qu’un enfant puisse être l’acteur conscient ou inconscient de sa propre construction ?
Pour Maria Montessori, les enfants travaillent pour se construire eux-mêmes, avec leurs impulsions intérieures.
Les enfants ne peuvent pas développer leur esprit dans un environnement vide, mais seulement avec une activité que l’on appelle le travail. Pour cela, on parle « d’environnement préparé », un environnement dans lequel ils trouveront des objets qui leur permettront de travailler avec leurs mains : « aide-moi à faire seul ».
Ainsi, à travers des activités librement choisies, les enfants développent eux-mêmes leur esprit.
L’enfant doit être libre de choisir son travail, son partenaire, sa place de travail, l’enfant doit être libre d’effectuer ses activités spontanées et tout cela sans qu’il soit dérangé.
Dans le tome I de son ouvrage La pédagogie scientifique, Maria Montessori nous fait part de ses observations. Elle a constaté que lorsque les enfants exécutaient une activité qu’ils avaient librement choisie, ils étaient dans une profonde concentration, une totale implication dans laquelle ils ne se laissaient pas facilement déranger.
Par ailleurs, elle observe que si personne ne dérange ces enfants dans leur concentration, ils se révèlent calmes, heureux, coopératifs, avec une harmonie intérieure, le respect des autres, un grand amour pour leur travail, ils vont vers la « normalisation ».
Maria Montessori a observé les enfants et sa pédagogie se fonde sur une observation scientifique. Cela signifie que systématiquement, cette observation est liée à un processus de compréhension.
Un autre concept d’une grande importance est celui du développement psychique de l’enfant, notamment le fait que l’enfant ne dispose pas de capacités de façon héréditaire, mais qu’il possède plutôt le potentiel de les développer.
Selon Maria Montessori, la conception de l’esprit humain n’est pas liée à des instincts mais se construit. Pour elle, l’esprit grandit avec l’enfant, cette construction de l’esprit est le travail de l’enfant lui-même en interdépendance active avec le monde réel, incluant la main, les sens et la raison.
Dans le tome I de La pédagogie scientifique, Maria Montessori a observé et décrit comment une enfant utilisait le matériel des blocs cylindriques (matériel pour les 3/6 ans). L’enfant mettait les cylindres dans les trous correspondant à leurs grandeurs, quand elle avait fini, elle les sortait et recommençait encore et encore. L’enfant a recommencé 43 fois.
Dans le cadre de son observation, Maria Montessori a essayé d’interrompre l’enfant, cette dernière est partie plus loin et a recommencé.
Nous sommes ici en présence de ce que Maria Montessori a appelé le processus de « normalisation ».
Ce concept, selon elle, se retrouve au travers d’enfants dits « normalisés », à savoir, des enfants qui :
• Aiment l’ordre
• Aiment le travail
• Montrent une concentration profonde et spontanée
• Aiment le calme mais pas nécessairement le silence
• Aiment et soignent l’environnement
• Font preuve d’obéissance, d’indépendance, d’initiatives
• Ont une auto discipline spontanée
• Sont Coopérants
Un axe de la pédagogie Montessori tout aussi important que celui de la normalisation est basé sur le soutien du développement naturel de l’être humain.
Mises en exergue par Maria Montessori puis reprises et approfondies par son fils Mario, les tendances humaines sont un des grands principes des fondements de la pédagogie. Selon Maria Montessori, ce qui est souvent présenté comme un instinct ou un besoin est en fait une “tendance humaine”.
Dr. Maria Montessori avait l’intuition du fait que l’une des premières tendances du nouveau-né est de construire en lui-même quelque chose qui lui permet non seulement de se mettre en relation avec son environnement, mais qui, pour le reste de sa vie , agit comme une sorte de boussole intérieure liée à toutes sortes de choses , y compris cette autre tendance qui incarne l’une des plus puissantes impulsions de l’homme et l’aide à trouver tout ce dont il a besoin pour satisfaire ses besoins : l’exploration.
Mario Montessori, The Human Tendencies and Montessori Education
Mario Montessori a nommé comme tendances humaines :
La liberté et la responsabilité selon la théorie de Maria Montessori sont basées sur trois composantes :
L’enfant en cours d’auto-construction apprend d’abord à vivre dans son propre environnement, ensuite il apprend à vivre dans un environnement dit « prolongé » avec d’autres êtres humains, d’autres personnes qui interagissent les unes avec les autres.
Cela nous amène à l’idée de la liberté dans la théorie de Maria Montessori. Pour elle, avoir le choix de ses actions signifie être libre. Dans son livre Peace and Education, the Theosophical Publishing House (1943), Maria Montessori parle de la paix. Pour elle, la vraie paix suggère le triomphe de la justice et de l’amour parmi les hommes, elle indique l’existence d’un monde meilleur où règne l’harmonie.
Plus tard, dans son recueil qui regroupe un ensemble de conférences Education and Peace, The clio Montessori Series (1992), Maria Montessori parlera en termes de « manifestation externe » de la liberté c’est à dire l’opportunité d’agir indépendamment, libre de toute influence, du contrôle ou de la détermination des autres.
La seule vraie liberté pour un individu est l’opportunité d’agir indépendamment. C’est la condition sine qua none de l’individualité. L’individualité est caractérisée par le pouvoir d’agir librement.
Lorsque l’on offre à l’enfant la liberté de se déplacer dans un monde d’objets, il est incité de manière naturelle à se développer lui-même. Dès que l’enfant commence à se développer dans un environnement établi pour lui et réussit à agir de lui-même, indépendamment de l’adulte, une harmonie est établie par l’enfant, non seulement entre lui et l’environnement, mais également entre lui et l’adulte.
Bien plus encore, ce n’est pas seulement le développement de l’individu qui compte. Le développement de l’individu est essentiel pour pouvoir vive en compagnie d’autres individus.
En résumé, les éléments de la liberté que l’adulte donne à l’enfant en cours de développement sont :
Pour Maria Montessori, le développement de la responsabilité doit s’effectuer par rapport à l’âge et à la phase de développement de l’enfant.
La compréhension de la responsabilité est différente pour chaque âge. Le développement de la responsabilité doit être pratique, matérialisé et concret. La responsabilité doit être placée dans un contexte social.
Dans une classe de 3-6 ans, il y a des règles simples telles que remettre un matériel sur une étagère toujours à la même place pour l’enfant suivant. Le but étant de leur faire développer un respect pour le matériel, mais pas seulement. La limitation du matériel dans l’environnement préparé doit faire développer le respect pour les autres.
À la maison, l’enfant pourra avoir la responsabilité de porter les couverts pour mettre la table !
Dans une classe 6-12 ans, donner de la liberté pour suivre des moyens d’intérêt aboutit également à une croissance de responsabilité. Chaque enfant travaille librement durant les travaux de groupe, gagnant ainsi en responsabilité pour lui-même et pour son groupe. Ainsi, les enfants ont la liberté de travailler avec des camarades mais avec la responsabilité d’accomplir ce travail.
Chaque enfant à par ailleurs la responsabilité de conserver une classe belle et propre, d’épousseter les étagères, de rouler les tapis, d’arroser les plantes, de nourrir les animaux, de mettre la table, etc.
Également faire attention aux autres et travailler en coopération, connaitre les limites de l’environnement et agir dans ces limites…
La liberté et la responsabilité dans la pédagogie Montessori sont intimement liées aux 4 plans de développement de l’enfant.
En 1950 Maria Montessori montre un diagramme lors d’une conférence à Pérugia, qui explicite les étapes du développement de l’enfant au travers de ses différentes tranches d’âge.
Ce diagramme est le reflet d’une pensée qui fait que le développement se transforme lentement de façon naturelle et constante. La durée des phases est d’environ 6 ans avec des sous-phases de 3 ans.
• Discussions philosophiques et politiques
• Les étudiants poursuivent leurs études avec intensité.
Pour Maria Montessori, les 4 phases de développement se font par bonds.
Les tendances humaines se retrouvent aussi à travers ces plans de développement, et de même ce que Maria Montessori a appelé « l’Education cosmique ».
Le concept du mot cosmique tire ses racines de la Grèce antique. Le cosmos, c’est l’univers comme un tout en harmonie, c’est l’ordonnance harmonieuse de l’univers.
Selon Maria Montessori, toutes les parties de l’univers contribuent à son harmonie, dans la nature de façon inconsciente, avec l’homme de façon consciente.
Pour les enfants, il est intéressant de comprendre les lois où toutes les réalités s’accomplissent avec des relations entre les choses.
Selon Maria Montessori, toutes les parties de l’univers contribuent à son harmonie, dans la nature de façon inconsciente, avec l’homme de façon consciente.
Maria Montessori porte l’attention sur le fait qu’au début il n’y avait pas d’oxygène comme on le connaît aujourd’hui mais il y avait des algues de différentes couleurs qui ont pris le dioxyde de carbone avec l’eau, ont formé le sucre, ainsi, il y a eu un produit résultant qui est l’oxygène.
Les plantes ont ainsi fait une photosynthèse, à partir de là, la production de l’oxygène était leur tâche cosmique.
Après des millions d’années il y a eu tant d’oxygène que des cellules ont pu vivre et respirer.
De même, dans ses grands récits, Maria Montessori explique que lorsque la croûte terrestre s’est formée, que l’eau est arrivée sur la terre, de nombreux orages et éclairs ont donné des pluies acides, cet acide a dissout le calcaire des montagnes qui a été transporté dans l’eau, les mers ont été constituées, les petits êtres vivants qui avaient pour tâche cosmique de filtrer l’eau l’ont utilisée pour faire leur maison à l’exemple des coraux. Les coraux avaient pour tâche cosmique de nettoyer l’eau !
Il en va de même avec la tâche cosmique des abeilles qui vont voir les fleurs.
En faisant cela, les abeilles prennent sur elles le pollen, s’envolent pour une prochaine fleur et déposent le pollen. De cette manière la reproduction intervient. C’est un principe intelligent car la diversité des fleurs augmente.
Les fleurs qui sont sur le passage du pollen se reproduisent de façons multiples, les abeilles veulent aussi disposer du nectar sucré qu’elles retirent et en faisant cela elles ont la tache cosmique de la pollinisation de la fleur.
Ces tâches cosmiques sont inconscientes, de ce fait, l’homme est le premier être vivant qui a une conscience.
L’éducation cosmique est un principe valable pour les enfants âgés de 6 à 12 ans et ce principe s’applique à toutes les matières. L’éducation cosmique ne s’étudie pas en matières séparées mais en lien avec tout.
Selon les principes de la pédagogie Montessori, le travail des enfants n’est pas orienté vers une matière et les relations entre les matières sont effectuées avec un grand intérêt.
Il est alors important pour Maria Montessori de répondre aux 3 aspects suivants :
Maria Montessori nous rappelle que les choses du monde ont leurs propres règles mais elles ne sont pas distinguées par des matières ; par exemple, le cheval peut être traité dans la biologie, dans l’histoire de la terre, en histoire etc.
Dans une classe Montessori, chaque domaine commence par montrer l’horizon cosmique avec les grands récits.
Ces grands récits vont être reliés les uns aux autres et les éléments ne sont pas isolément traités. Tous les détails se rapportent à l’ensemble et les uns aux autres. L’intérêt naît de la vue d’ensemble. C’est un aspect qu’il faut donner à l’enfant en tant qu’un tout. Les leçons clefs qui interviennent ensuite satisfont les intérêts suscités par les grands récits. Toutes les matières ne sont pas à voir isolément, elles dépendent les unes des autres.
Maria Montessori a pensé que si nous comprenons le fonctionnement du monde et que nous sommes tous dépendants et en lien les uns avec les autres, alors on envisage autrement nos possibilités en tant qu’être humain.
Selon elle, si tous nous savons cela, il devrait en résulter un esprit commun.
Si nous donnons aux enfants la possibilité d’appréhender ainsi le monde et ses interdépendances alors les enfants agiront autrement dans le monde ; c’est la raison pour laquelle nous avons l’éducation cosmique, pour préparer les enfants à prendre leurs responsabilités pour ce monde.
Maria Montessori, Pédagogie scientifique, tome I, Desclée de Brouwer.
Maria Montessori, Pédagogie scientifique, tome II, Desclée de Brouwer.
Maria Montessori, Education and Peace, The Clio Montessori Series, 1992.
Maria Montessori, Peace and Education, the Théosophical Publishing House, 1943.
Mario Montessori, The Human Tendencies and Montessori Education, AMI.
Maria Montessori, Les étapes de l’éducation, Desclée de Brouwer.
Maria Montessori, L’Enfant, Desclée de Brouwer.
Maria Montessori, L’Enfant est l’avenir de l’homme, Desclée de Brouwer.
Maria Montessori, L’Esprit absorbant de l’enfant, Desclée de Brouwer.
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