Quelques pensées issues de l’expérience de l’École Montessori de Lyon https://www.montessori-lyon.org
À rebours de mes précédentes réflexions sur la gestion associative et ses limites, que je ne renie pas, il existe cependant quelques cas où cette gestion associative fonctionne. Et où paradoxalement elle permet d’accomplir de grandes choses, vraisemblablement de plus grandes choses que les autres formules de gouvernance ne pourraient faire.
J’ai été le témoin d’une de ces « grandes choses » à l’École Montessori de Lyon il y a quelques années. Je tiens à préciser que je n’étais plus « en pilotage » de l’école, étant à ce moment-là revenu d’une année d’expatriation en Afrique en famille. Mes enfants avaient réintégré leurs anciennes classes, grâce à la gentillesse de l’équipe et de la directrice Françoise Néri. De mon côté j’étais redevenu un simple parent d’élève, en tâchant de ne pas trop me mêler de ce qui était devenu la tâche de mon successeur. J’ai toujours eu du mal dans le cadre professionnel, avec les personnes qui partent sans partir vraiment ; en ce qui me concerne, je peux avoir beaucoup de mal à lâcher, mais une fois que c’est fait, c’est fait.
Innover pour se repenser
Bref…revenons à nos moutons. Confrontée à de gros enjeux de développement et à une certaine usure de sa gouvernance autour de 2 associations (une association de gestion de l’école et une association de parents), l’école a souhaité innover. Et innover en rassemblant autour de la construction du nouveau projet stratégique l’ensemble des forces vives de sa communauté. L’idée était d’élargir, de renouveler, d’enrichir…de réfléchir tous ensemble à l’avenir de l’école.
Des enjeux très importants
Et en effet, les enjeux étaient importants :
- grandir et se développer, mais jusqu’où ? et comment ?
- mais surtout pourquoi faire ? comment maintenir les enfants et les familles au centre de l’école ?
- comment faire en sorte que l’école ne se transforme pas en une machine institutionnelle froide, mais tout en clarifiant et en sécurisant les procédures administratives qui ne sont forcément plus les mêmes à 130 ou 150 enfants qu’à 30 ou 50 ?
- rester sur place en essayant de capter les opportunités qui se présenteraient peut-être, ou partir reconstruire ailleurs, au risque de perde des familles ?
- comment préparer le départ en retraite de la directrice-fondatrice de l’école, ainsi que celui de plusieurs des éducatrices “piliers” de l’équipe, dont certaines étaient présentes depuis plus de 20 ans ?
- comment mieux répartir le poids de plus en plus important de la gestion de l’école, sans alourdir trop les coûts administratifs ni faire courir le risque d’un burn-out des administrateurs bénévoles ?
- …et j’en passe
Des “problèmes de riche” pourrait-on dire ! Mais ce serait oublier que nos écoles Montessori sont des entités fragiles, et qu’une école qui a l’air en pleine forme peut fermer un an ou deux ans plus tard. Les exemples sont malheureusement légion…
Innover, disais-je.
Au-delà du choix des thématiques transversales de réflexion, cette innovation est passée en premier lieu par l’utilisation des outils de l’“intelligence collective”.
Quelques avantages de l’intelligence collective
Ces outils ont permis de rassembler tous les acteurs dans une même démarche d’écoute, d’échanges et de construction partagée d’un plan stratégique pour l’école. Et je dois dire qu’autant la machinerie m’a parue lourde au départ, avant je me suis rendu compte par la suite que cela avait permis d’atteindre plusieurs objectifs qui auraient été vraisemblablement oubliés dans le cadre d’une démarche plus classique :
- recueillir la parole et faire participer les personnels “d’appui” pédagogique ou non (femme de ménage, moniteur de natation…) qui peuvent avoir des contributions utiles et un regard moins saturé par le quotidien ou au contraire attentifs aux petits détails de ce quotidien
- faire partager à tous les membres de la communauté les avancements de chaque groupe par un “journaliste” afin que chacun se sente impliqué au-delà de son engagement sur une thématique particulière
- prendre au début et à la fin de chaque réunion la “température émotionnelle” de chaque participant afin de mieux comprendre l’état de chacun et ses possibles réactions, en désamorçant les conflits potentiels et les erreurs d’appréciation.
Comme le dit le proverbe : seul, on va plus vite ; mais ensemble, on va plus loin. C’est certain. Merci à l’école de Lyon pour cette belle leçon 🙂