La vie de Maria Montessori

L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit, mais une source que l’on laisse jaillir.

Maria Montessori

La vie de Maria Montessori est un chemin qui, par d’étroits défilés, débouche soudain sur l’horizon, chaque pas préparant le suivant.

Edwing Mortimer Standing, Maria Montessori, sa vie, son œuvre, Desclée de Brouwer (traduction et adaptation par Paule Escudier)

Qui est Maria Montessori ?

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Maria Montessori a consacré sa vie à l’être humain.

Son choix de devenir médecin sera déterminant dans la grande mission de sa vie. Elle est parvenue à forcer les portes de l’univers secret de l’enfance.

Elle a étudié le développement physique et psychique de l’enfant dès sa naissance. Ses nombreuses conférences seront un stimulant spirituel et permettront l’émergence d’écoles toujours plus nombreuses dans le monde entier.

Maria Montessori est née le 31 août 1870 en Italie à Chiaravalle près d’Ancôna. Elle est issue d’une famille bourgeoise. Ses parents se marient en 1866. Son père Alessandro Montessori est un homme sévère et rigoureux, sa mère Renilde Stoppani défend ses aspirations libérales : très cultivée, elle se montre ouverte aux idées nouvelles. Elle sera très proche de sa fille et respectera sa liberté.

La famille de Maria déménage à Rome en 1875, elle y suivra des études élémentaires de 1876 à 1882. Elle montre très tôt un grand intérêt pour les mathématiques et souhaite devenir ingénieur. Elle est alors confrontée au désaccord de son père qui envisage pour elle une carrière d’enseignante.

Soutenue par sa mère, Maria s’inscrit en 1883 dans un collège technique pour garçons. À 13 ans, elle doit déjà faire face aux limites sociales et culturelles proposées aux femmes à cette époque.

Maria Montessori souhaite devenir médecin, mais face à l’hostilité de son entourage et soutenue seulement par sa mère, elle opte dans un premier temps pour la faculté des sciences, plus tard, sa ténacité lui ouvrira enfin les portes de la faculté de médecine et de chirurgie à Rome.

Étudiante brillante, elle s’attire rapidement la sympathie de certains de ses professeurs, et ce malgré une hostilité récurrente et la résistance masculine du monde universitaire face à une présence féminine. Maria se heurtera à bien d’autres difficultés que l’animosité des étudiants.

À cette époque il est impensable qu’une jeune fille dissèque des cadavres en présence d’hommes. Elle n’aura ainsi d’autres possibilité que de pratiquer ses dissections seule et souvent de nuit.

En 1896, elle soutient sa thèse de doctorat. Celle-ci porte sur un sujet de psychiatrie (il s’agit d’une étude clinique sur les « hallucinations antagonistes »), elle est encouragée par le directeur de la clinique psychiatrique de l’université de Rome.

Maria Montessori devient alors une des premières femmes médecin d’Italie. Pendant 10 ans, elle s’investira sans relâche, tant sur le plan professionnel que personnel, en faveur des personnes en marge de la société traditionnelle.

Elle milite activement pour la défense et la reconnaissance des droits des femmes et des enfants déficients mentaux.

Très rapidement, elle s’intéresse aux questions de société et en particulier au rôle des femmes dans la société. En 1896 elle se présente comme émissaire des femmes italiennes au Congrès des femmes à Berlin. Elle poursuivra son engagement militant et social au congrès de Londres en 1899. Elle réalise ainsi plusieurs interventions pour l’émancipation des femmes et revendique des conditions de travail plus humaines.

À Rome, Maria Montessori poursuit ses recherches au sein d’une équipe qui comprend des médecins, des savants et des chercheurs. Elle étudie le comportement des enfants déficients mentaux en effectuant des stages dans des services de médecine infantile. Tout en poursuivant ses activités, elle ouvre un cabinet privé.

Le début des travaux sur l’éducation

Elle s’inspire des travaux de Jean-Marc Gaspard Itard et Edouard Seguin, qui ont élaboré des méthodes éducatives spéciales pour les enfants déficients et ont conçu une nouvelle approche de la maladie mentale. Maria en vient à la conclusion que « l’éducation » est plus bénéfique à ces enfants que les uniques soins médicaux. Seguin est le disciple de Jean Itard qui a recueilli un enfant (le sauvage de l’Aveyron). Cet enfant ne parlait pas et Jean Itard a cherché de quelle manière il pouvait l’aider à acquérir le langage mais sans succès.

Par la suite, Maria Montessori entame une réflexion à partir des travaux de Jean Itard et d’Edouard Seguin puis développe du matériel encore utilisé aujourd’hui notamment du matériel de fraction (Edouard Seguin a publié des livres sur l’éducation sensorielle). Après ce travail en psychiatrie Maria devient maître de conférences à l’institut de formation de Rome.

La naissance de Mario

Durant cette période, le 10 mars 1898, elle met au monde un garçon qu’elle prénomme « Mario ». (Il y a des spéculations sur la date de naissance exacte de Mario Montessori, mais, selon Mario lui-même, il serait né le 31 mars 1898).

Mario est le fruit d’une relation entre Maria Montessori et Giuseppe Montesano, médecin chercheur à la clinique psychiatrique et qui poursuit des recherches psychopathologiques. Il était le professeur de psychiatrie de Maria pendant ses études de médecines.

Comme c’est un enfant né hors mariage, la grossesse de Maria est tenue secrète. Le docteur Montesano issu d’une famille riche et doté d’une mère autoritaire n’a jamais épousé Maria Montessori, Mario ne prendra donc pas le nom de son père.

Maria Montessori était une mère célibataire : à cette époque, cela était considéré comme un sacrilège. Selon Mario, seuls les parents de Maria et quelques amis proches et associés étaient au courant de son existence. 

Maria dut céder à leurs pressions et renvoyer Mario dans une famille à la campagne près de Rome. Il grandira là-bas, élevé par une nourrice, et ce n’est qu’à l’adolescence qu’il pourra vivre avec sa mère. Maria Montessori vivra cette séparation comme une déchirure, même si elle rend parfois visite à son enfant.

Entre 1899 et 1901, Maria participe au congrès pédagogique à Turin et donne une série de conférences à Rome.

Poursuite des recherches sur l’éducation

Par la suite, elle devient directrice de l’école d’Etat d’orthophrénie. Dans cette école elle sera amenée à travailler avec des enfants déficients qualifiés de « fous » ou de « débiles ». Au fil du temps, Maria Montessori se rend compte que ces enfants apprennent comme tous les enfants.

Elle va alors les observer, réfléchir et commencer à développer un matériel spécifique adapté à la manipulation. Ces enfants vont apprendre à lire et à écrire, et leur travail leur permettra d’obtenir avec brio le certificat d’études.

Dans le même temps, Maria Montessori entreprend des études d’anthropologie qui la conduisent à une chaire d’enseignement d’anthropologie pédagogique à l’université de Rome.

A partir de 1906, elle s’occupe d’enfants normaux d’âge préscolaire, pour lesquelles elle va créer sa méthode pédagogique.

En 1907, à une époque où les ouvriers travaillent dans des conditions difficiles, leurs enfants qui vivent là ne savent quoi faire, désœuvrés ils détruisent ce qui les entoure.

Maria Montessori a entendu parler de ces enfants pour qui l’on cherche un système d’accueil, elle décide alors de s’en occuper. La même année elle ouvre à San Lorenzo à Rome la première maison des enfants « la casa dei Bambini » qui accueille des jeunes enfants. Elle profite de cette expérience pour élaborer et mettre en place du matériel pédagogique dont les enfants peuvent se servir.

Ces derniers vont rapidement investir et s’approprier l’utilisation de ce matériel. C’est un succès.

Dès le début, Maria Montessori a considéré que les enfants qui méritent l’amour. Pour l’aider, elle ne voulait pas d’un personnel qualifié, elle travaillait avec une assistante sans formation, qui avait pour consigne de ne pas déranger les enfants qui travaillaient et étaient concentrés.

La pédagogie scientifique, les États-Unis

En 1909, en Italie, Maria Montessori donne le premier cours de formation à sa pédagogie auquel participe une centaine d’enseignants. Elle publie également le tome 1 de La Pédagogie scientifique, ouvrage dans lequel elle explique sa méthode et ses origines.

Entre 1910 et 1912 les première écoles Montessori ouvrent aux Etats Unis, à Paris, à Boston.

Elle publie en 1913 le second tome de La Pédagogie scientifique.

Entre 1913 et 1918, Maria Montessori donne plusieurs cours de formation à sa pédagogie, soutenue par le comité Montessori des Etats-Unis.

En 1913 elle effectue son premier voyage aux USA. C’est aussi la création de la « Montessori Educational Association » avec Graham Bell, son épouse et la fille du Président Wilson. Ouverture à Paris d’une école Montessori.

En 1915 : Elle retourne aux USA.

En 1916 : Installation à Barcelone à l’invitation du gouvernement de la ville, ouverture d’un Centre de Formation et d’une école modèle.

Durant cette période elle est accompagnée par son fils Mario. Ce voyage a probablement marqué le début d’une association de longue date entre la mère et le fils tant sur le plan personnel que sur le plan du travail. Dès lors Mario Montessori ne cessera de promouvoir les principes et la pratique de la pédagogie Montessori. Il a commencé à l’accompagner dans toutes ses tournées et l’a aidée dans la conduite de ses cours. Ensemble, ils ont créé l’Association Montessori Internationale en tant qu’organe de tutelle chargé de superviser les activités des écoles.  Ce travail s’étendait partout dans le monde et comprenait la supervision de la formation des enseignants. 

En 1920 : Conférences à l’université d’Amsterdam (pour la première fois, Maria Montessori dévoile les grandes lignes sur l’éducation secondaire).

En 1921 : Ouverture du premier Congrès international de l’Education Nouvelle.

En 1924 : Maria Montessori rencontre Benito Mussolini.

En 1926 : Visite en Argentine puis discours sur « éducation et paix » à la Ligue des Nations à Genève.

En 1927 : Présentation à la cour anglaise.

En 1929 : Création de l’AMI (Association Montessori Internationale) en association avec Mario, à Berlin.

Avec la création de l’AMI, les activités du mouvement Montessori s’organisent davantage.

Instabilité politique et entre-deux-guerres

Les années 30 et leur environnement historique marqué par l’instabilité vont marquer un coup d’arrêt dans la diffusion de la pédagogie Montessori.

En 1930, lors d’une conférence à Vienne, Maria fait la connaissance d’Anna Freud. Elle participe au Congrès de l’Éducation Nouvelle et donne un cours Montessori à Nice.

En 1931, elle donne des conférences à l’université de Berlin et à la Sorbonne. le Mahatma Gandhi vient à Rome et y visite les écoles Montessori.

En 1933, l’arrivée des nazis provoque la fermeture des écoles Montessori en Allemagne.

En 1934, la même chose se produit en Italie, alors que quelques années auparavant Mussolini s’affichait auprès de Maria Montessori.

En 1935, l’association Montessori International (AMI) s’installe à Amsterdam.

En 1936, lors du 5ème Congrès Montessori à Oxford, Maria parle pour la première fois de l’éducation cosmique. Elle s’installe aux Pays-Bas suite au coup d’Etat et au début de la guerre civile en Espagne.

En 1938, lors d’une conférence à La Sorbonne, elle fait un de ses nombreux appels à la paix.

En 1939, elle se rend en Inde avec son fils. Elle dispense des cours de formation à Madras auprès de plus de 300 étudiants. Mais quelques mois après, l’entrée de l’Italie dans la guerre au côté de l’Allemagne, qui marque le début de la deuxième guerre mondiale, a pour conséquence que Maria, en tant que ressortissante italienne, est privée de déplacements : elle sera assignée à résidence en Inde jusqu’en 1945. Elle fonde alors plusieurs petites écoles pour les enfants de 3 à 12 ans et c’est là qu’elle étudie les grands principes de la pédagogie des 6 – 12 ans.

Durant cette période et avec la collaboration de son fils Mario, elle développe le concept et les grandes idées de « l’éducation cosmique ». Pour l’essentiel, ce concept est de donner l’univers à l’enfant dans sa globalité avec comme cadre l’organisation de l’esprit. C’est regarder l’univers comme un cosmos en ordre et en harmonie ou tout est en lien avec tout.

L’après guerre

En 1945, Maria Montessori revient en Europe et dirige, en 1946, un cours de formation à Londres.

En 1947, à la demande du nouveau gouvernement, c’est la réouverture des établissements Montessori en Italie. Maria accentue son travail sur les 0-3 ans.

En 1948, elle retourne en Inde pour des cours de formation et des conférences.

En 1949, Maria Montessori publie L’Esprit absorbant de l’enfant dans lequel elle transmet son approche spirituelle et philosophique de l’enfant.

En 1950, lors d’une conférence à Pérugia en Italie, Maria Montessori présente un premier schéma correspondant aux 4 plans de développement.

Jusqu’au bout, Maria continuera à voyager à travers le monde pour faire connaitre et divulguer sa méthode d’enseignement, avec Mario comme compagnon constant. Ils ont donné des cours et organisé des conférences à Londres, en Écosse, à Rome, à Berlin, à Ceylan, en Inde, au Pakistan, aux Pays-Bas et en France.

Maria décède le 6 mai 1952 à Noordwijk aan Zee, aux Pays Bas. Elle est alors âgée de 82 ans, citoyenne d’honneur de nombreuses villes et décorée de la légion d’honneur.

Après le décès de Maria Montessori, Mario a poursuivi son travail de diffusion, œuvrant pour le mouvement Montessori. Il continuera activement à diriger les cours de formation.

La pédagogie Montessori a suscité l’enthousiasme de milliers d’enseignants dans le monde, entraînant la création de nombreuses écoles maternelles et primaires, collèges et lycées.

Ainsi le nom de Maria Montessori est-il toujours plus vivant aujourd’hui.

Bibliographie

Maria Montessori, L’Enfant est l’avenir de l’homme, Desclée de Brouwer
Edwing Mortimer Standing, Maria Montessori, sa vie, son œuvre, Desclée de Brouwer (traduction et adaptation par Paule Escudier)
Maria Montessori, De l’enfant à l’adolescent, Desclée de Brouwer
Maria Montessori, L’Esprit absorbant, Desclée de Brouwer
Maria Montessori, L’Éducation et la paix, Desclée de Brouwer
Maria Montessori, Pédagogie scientifique, tomes 1 & 2, Desclée de Brouwer