De la recherche…
Les expériences des enfants avec la nature – du sac à dos en pleine nature aux plantes dans une école maternelle, en passant par une leçon sur les grenouilles dans les zones humides – favorisent-elles leurs apprentissages ?
Jusqu’en 2019, les affirmations péremptoires dépassaient les preuves sur cette question.
Or, depuis cette date, une étude scientifique répond clairement à la question de l’impact de la Nature sur l’apprentissage. De fait, depuis les années quatre-vingts, le domaine a mûri, non seulement en corroborant des affirmations jusque-là non-démontrées, mais aussi en approfondissant la compréhension de la relation de cause à effet entre Nature et apprentissage. Des centaines d’études portent maintenant sur cette question et les preuves convergentes démontrent que les expériences de la Nature stimulent l’apprentissage académique, le développement personnel et la gestion responsable de l’environnement.
Une brève étude, ou plus exactement une méta-étude faisant le point sur d’autres études résume les avancées récentes et l’état actuel de la science sur la question :
Ming Kuo, Michael Barnes and Catherine Jordan, « Do Experiences With Nature Promote Learning ? Converging Evidence of a Cause-and-Effect Relationship » (Les expériences avec la nature favorisent-elles l’apprentissage ? Preuve convergente d’une relation de cause à effet), Psychology in frontiers, 19 février 2019.
La recherche sur le développement personnel et les relations à l’environnement est convaincante :
- une trentaine de rapports émanant d’observateurs indépendants, de chercheurs ainsi que de pédagogues participant eux-mêmes aux études, indiquent des changements quant à la concentration des enfants, leur persévérance, la résolution de problèmes, la pensée critique, le leadership, le travail d’équipe et le désir d’apprendre lorsqu’ils sont connectés à la nature.
- plus de cinquante études indiquent que la Nature joue un rôle clé, d’une part, dans le développement de comportements pro-environnementaux, en particulier en favorisant un lien affectif avec la nature et, d’autre part, dans la volonté des enfants de s’engager au service des autres.
En résumé, l’apprentissage d’un enfant connecté à la Nature s’améliore nettement car l’enfant est :
- moins stressé,
- plus attentif et concentré,
- plus discipliné et coopératif,
- plus intéressé, motivé et engagé,
- plus physiquement actif et en forme !
…à l’action
Dès lors, n’est-il pas venu le temps de prendre la Nature au sérieux en tant que ressource d’apprentissage et de développement de l’être de l’enfant ?
L’urgence est d’introduire la pédagogie axée sur la nature et la nature dans l’éducation afin d’élargir les efforts isolés existants aux pratiques de plus en plus courantes. Il convient ainsi de développer des jardins scolaires, des cours et des murs verts dans les salles de classe. Pour la pédagogue Maria Montessori, la période allant de 12 à 18 ans est nommée Erd Kinder, ce qui signifie en hollandais : « Enfants de la Terre ». En ce sens, elle préconise une ferme que les adolescents doivent pouvoir gérer, accompagnés par les adultes.
De notre côté, nous proposons avec Ekolo (http://www.ekolo.bio) les premières « colos » écolos en forêt en adoptant la posture montessorienne.
Ces séjours de loisirs d’été reposent sur un premier principe : « l’autonomie des enfants ». Autrement dit, ils choisissent selon leurs envies et en fonction des contraintes en agora (ou assemblée)leurs activités. Un deuxième principe est « la santé dans l’assiette ». Autrement dit, les enfants cuisinent et mangent « bio et local » : des partenariats sont réalisés avec les producteurs locaux « bio ». Un troisième principe est « un cadre apaisant et sécurisé ». Autrement dit, alors que la loi oblige un encadrement d’un adulte pour douze enfants, ces séjours ont un adulte pour quatre enfants. Un quatrième principe est que ces séjours sont accessibles au plus grand nombre : ils sont en moyenne 15 % moins chers que les autres séjours.
Enfin, le dernier principe est la connexion à la Nature : construction des cabanes dans la forêt, atelier de bricolage en plein air, atelier poterie et sculpture, balades en forêt, observations de la faune et de la flore, circuits à bille et à eau, promenades à vélo sur la « voie verte » en forêt, jardin potager sur place et pêche à l’étang sur place. Il en va finalement du développement de nos enfants, c’est-à-dire de la civilisation.