N’offrez que ce qui est nécessaire et suffisant !

Une autre leçon importante qui m’est restée en tête après seulement quelques semaines de formation 6-12 Montessori, c’est : « un guide ne doit offrir que ce qui est nécessaire et suffisant !” Tout ce qui vient au-delà de cela devient un obstacle sur le chemin de l’auto-construction de l’enfant. 

Et je n’ai pas assez de doigts pour compter tous les moments dans ma classe, où mon enthousiasme à aider les enfants est devenu un obstacle énorme, sans que je réalise ce qui se passait réellement. Merci mon Dieu pour cette formation, qui a tout éclairé !

Après avoir lu les livres, les polycopiés et écouté les conférences, cela a soudain pris un sens : en tant que guides, notre devoir est de soutenir l’auto-construction de chaque enfant et cela signifie que nous devons lui donner la liberté d’agir sans aide inutile. 

Comme l’a dit notre formateur Greg : « Toute aide non nécessaire doit être éliminée en nous posant trois questions :

L’enfant peut-il agir par lui-même ?

L’enfant peut-il le faire tout seul ?

L’enfant peut-il le découvrir par lui-même ?

Et si la réponse est « oui », nous devrions reculer lentement et pour l’amour de Dieu, cesser d’aider ».

Ne pas faire à la place de l’enfant

C’est une erreur courante que les enseignants du monde entier commettent. Parce qu’en tant qu’adultes, nous nous sentons responsables d’aider les petits humains quand ils semblent se débattre. Le fait est que cette lutte est exactement ce dont ils ont besoin pour réussir et devenir indépendants. Notre responsabilité est de les faire s’adapter à la société humaine, à la communauté à laquelle ils appartiennent et à la culture qui les entoure. Et comment y parviendrons-nous si nous continuons à faire les choses à leur place et à ne pas leur permettre de découvrir et d’expérimenter par eux-mêmes et de parvenir à leurs propres conclusions ?

Ce que je sais maintenant, c’est que je dois toujours être prudente dans mes activités en classe et faire de mon mieux pour ne pas devenir un obstacle pour aucun enfant. Je dois faire attention à mes actions, à mes paroles et à mon comportement afin que cela n’affecte pas le développement de mes enfants. Je dois m’analyser et analyser l’environnement au quotidien et me poser des questions : « Que puis-je changer, que puis-je ajouter ou supprimer pour mieux soutenir l’auto-construction de chaque enfant de ma liste ? 

Sortir de la classe ?

Je me souviens quand Greg nous a dit pour la première fois que le véritable apprentissage commence quand le professeur sort. J’ai commencé à rire ! Comment l’enfant peut-il apprendre si je ne suis pas là pour l’aider ? Mais au fil du temps et des conférences, tout est devenu clair. Nous sommes là pour aider les enfants, mais cela ne veut pas dire que nous devons faire des choses qu’ils sont parfaitement capables de faire eux-mêmes. Nous devons nous construire et construire l’environnement autour du concept d’auto-construction et laisser la nature suivre son cours. 

Donc, oui, j’ai hâte que l’année scolaire commence et que je commence à mettre en pratique toute cette théorie par moi-même. J’ai le sentiment que dans ce cas, la théorie n’est pas seulement de la théorie ! Si vous l’appliquez de la bonne manière, tout fonctionnera en harmonie !

La lâcher-prise dans la pédagogie Montessori

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Aujourd’hui je voudrais revenir sur un point plus pratique, auquel toutes les mamans sont confrontées, et qui est crucial dans la pédagogie Montessori : c’est la fameux « lâcher-prise ».

Qu’est-ce que le lâcher-prise dans la pédagogie Montessori ?

Contrairement à certaines idées reçues et à certaines méthodes dépassées aujourd’hui, éduquer un enfant ce n’est pas formater son esprit, mais l’aider à se former seul, à développer son autonomie. Le « lâcher-prise » ne veut en aucun cas dire, qu’il faut renoncer à toute autorité parentale où autre (enseignants). 

L’enfant, pour son bon développement à besoin de règles et limites. Il s’agit simplement d’être vigilant sans être confronté(e) à une lutte frontale et sans pour autant capituler.

La base du « lâcher-prise » lorsqu’on élève un enfant, c’est la CONFIANCE. Confiance en soi, en certaines valeurs que l’on souhaite transmettre, mais aussi et surtout CONFIANCE en son ENFANT. C’est ce qui lui donnera l’énergie vitale pour bien grandir. 

Être dans un cercle vertueux du respect, tout en le sécurisant, respecter la liberté de l’enfant dans la mesure du possible. Vous verrez que très vite votre enfant vous le rendra.

Il n’y a pas d’enfant modèle

Pour cela, un comportement indispensable toutefois, c’est essayer d’abandonner l’idée d’un enfant modèle. En général, nous ne connaissons pas tout d’eux et bien souvent les parents ont tendance à idéaliser leur enfant. Demander à son enfant de faire comme untel (sa soeur, son grand frère, son cousin, son copain etc…) qui est sage, n’aura aucun effet.

Copier les méthodes de nos copines sur leurs enfants est vain, fixer notre attention sur leurs modèles, et uniquement sur elles, c’est négliger l’identité de son propre enfant, ses propres besoins, son rythme et son développement, qui sont finalement l’essentiel.

Être parents, cela s’apprend. L’éducation de nos enfants est faite d’ERREURS autant que de RÉUSSITES. 

Il n’y a pas de parent parfait

Mon petit conseil, c’est de commencer par accepter que le parent parfait n’existe pas, de dédramatiser et cesser de se rendre malade à chaque dérapage. Cela permet de gagner en confiance et de créer pour son enfant une atmosphère sécurisante et rassurante, qui est l’essentiel de ce dont il a besoin avant tout.

Cesser de faire des choses à contre coeur avec ses enfants sous prétexte que « les bons parents le font ». Faire de force quelque chose avec son enfant est contre productif, on risque de se rendre impatiente et désagréable et l’expérience ne sera gratifiante ni pour soi ni pour son enfant qui le ressentira. Toutes nos émotions, l’enfant les perçoit.

Donc cessons de culpabiliser,  pensons plutôt à toutes ces choses que nous faisons ou que nous ferons avec plaisir en compagnie de notre enfant. 

Faire la cuisine avec lui, l’emmener voir une expo, bref passer du temps avec lui et partager des intérêts communs… ne nous sacrifions pas, ça ne sert à rien. 

L’enfant ressentira à coup sûr que vous êtes heureuse d’être avec lui, que vous prenez réellement du plaisir à partager ces activités communes. Cela renforcera vos liens et valorisera votre enfant qui gagnera en confiance.

Principe important de l’éducation. 

* L’éducation, c’est d’abord faire CONFIANCE à l’enfant.

* Il n’y à pas de parents parfait, chacun expérimente.

* Verbalisez, expliquez tout à votre enfant, vous serez surprise de l’effet obtenu.

Expliquer plutôt qu’imposer

Avec les jeunes enfants, il est inutile de combattre où d’imposer des choses.

Il ne veut pas enfiler son pantalon ? Ok, distrayez le quelques instants par exemple montrez-lui par la fenêtre le gros camion qui passe, et reprenez la séance d’habillage une minute plus tard lorsque la pression sera retombée.

Lorsque vous êtes en désaccord avec votre enfant, un seul mot d’ordre : expliquez-lui. 

Par exemple s’il prend le jouet de son camarade ou son frère, expliquez pourquoi il faut le lui rendre : ce jouet est à lui, tu n’aimerais pas, toi qu’on te prenne ton jouet ? Plutôt que de lui arracher des mains et rendre le jouet au copain sans verbaliser.

Autre exemple pour les plus grands :

Expliquez-lui combien il est important de bien travailler à l’école, de rendre tel ou tel devoir. Non pas « parce qu’il le faut » , ce qui reviendrait à une obligation, mais pour son bien à lui, pour son propre avenir. Votre enfant est évidemment digne de comprendre ces explications et se sentira valorisé,  plein de confiance, son estime se fera ressentir et il sera apaisé.

J’espère que cette lecture vous aura servi.

Dylan : la pédagogie Montessori au service d’un enfant trisomique

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Qui est Dylan ? 

Un enfant trisomique. Un garçon enfermé, dans son monde. Il semble ne pas comprendre les consignes. N’a aucune vie de groupe et va même jusqu’à embêter les autres enfants. 

Comment il a commencé avec Montessori 

Il commence avec le matériel de Vie Pratique : Porter une chaise, Porter un plateau, Transvaser des graines et là nous l’avons vu écouter le bruit des graines qui tombent dans le bol. Il commençait à construire une forme d’intelligence en répétant les différentes présentations avec un déroulement de plus en plus élaboré. Nous avons commencé le Sensoriel puis un jour …

Les emboîtements cylindriques

Ce matin-là, l’éducatrice lui présente le 1er bloc des emboitements cylindriques, nous ne savions pas si ça allait fonctionner, mais nous voulions essayer et franchement, on y croyait.

L’éducatrice commence la présentation. Chaque geste est délicat, doux et très lent. L’enfant ne bouge plus, son regard va du matériel à l’éducatrice, il est attentif comme jamais. Parfois, il penche la tête pour mieux voir et renifle de temps en temps !Il sourit en voyant les grandeurs de cylindres changer. Un ou 2 adultes passent dans la classe et Dylan ne voit rien et n’entend pas la porte qui s’ouvre.

Puis l’éducatrice déplace le bloc de cylindres devant lui et lui propose de refaire. Il sourit et avec encore plus de délicatesse, il sort un à un les cylindres, les poses sans bruit sur la table puis cherche à les remettre l’un après l’autre. Il observe chaque encoche pour vérifier la grandeur, parfois il change de cylindre car ce n’est pas le bon. 

Inlassablement il continue son regard est toujours fixé sur son travail. Son corps ne bouge pas, son visage est lisse. Il montre une concentration maximum sans aucune tension, sans peur, sans angoisse comme s’il avait fait ça toute sa vie. 

Et moi qui observais la scène, j’étais sans voix, jamais en 30 ans de carrière, je n’avais vu autant de concentration. J’étais émue. 

Une fois terminé, il décroche un immense sourire de bonheur. Il montre qu’il veut le refaire. 

Et nous voilà reparti pour au moins 10mn de travail en silence dans le calme et la paix. Je déplace mon regard vers l’éducatrice et je vois sur son visage 2 grosses larmes couler, nous étions si émues. 

Pour cet enfant si perturbé, il venait de travailler sans s’arrêter pendant 25 mn. 

Une fois terminé, il a rangé son matériel et il est parti en sautillant.

Ce jour-là, nous avons toutes les deux goûté un instant de grâce absolu.

Dylan nous a montré toute l’immensité de son intelligence. Il a su nous communiquer sa paix, sa joie et son bonheur comme s’il nous disait « Et ben vous voyez ! C’est de ça dont j’ai besoin ! »

Voilà ce que produit une ambiance Montessori. Voilà ce que produit un matériel Montessori. Est-ce qu’il y a une différence entre un enfant dit sans difficulté et un enfant à besoin spécifique ?

Mon cadeau

« Nous avons commencé avec des méthodes éducatives et culturelles pour l’enfant et nous avons découvert qu’il est notre maître. » Maria Montessori 

Élisabeth Chastel : la pédagogie Montessori pour les enfants en situation de handicap

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Je m’appelle Elisabeth et je suis maman de 3 filles et aussi grand-mère de 3 petits enfants. Je vais vous présenter comment j’en suis arrivée à intervenir en tant qu’éducatrice Montessori auprès d’enfants en situation de handicap.

Dès mon plus jeune âge, j’ai voulu m’orienter vers les enfants et je suis devenue Auxiliaire Puéricultrice. Après quelques années d’exercice en crèche, très vite, j’ai réalisé que je ne faisais que du gardiennage. Je trouvais ces crèches tristes ! Est-ce que c’était ce que je voulais ? Non ! Je pensais que je n’étais pas faite pour travailler avec des enfants. 

Vers Montessori en passant par l’Afrique

Je me suis dirigée vers des études d’infirmière pour pouvoir partir exercer en Afrique.

Après mon diplôme, j’ai fait des études de médecine tropicale en Belgique à Anvers. Et là, j’ai appris qu’il fallait considérer l’être humain dans sa globalité en tenant compte de sa culture, de sa famille, de ses croyances, bref de tout ce qu’il était ! Ce fut une grande révélation pour moi. 

J’ai dû désapprendre beaucoup de ma formation d’infirmière et envisager la médecine autrement.

Je suis partie quelques années dans un petit village au nord du Cameroun et j’ai mis en pratique tout ce que j’avais appris. Qu’elle belle expérience de Vie ! 

De retour en France, je me suis mariée et dès que j’ai eu des enfants très vite, nous avons voulu offrir une autre école pour nos trois filles. 

L’une de mes amies m’a fait connaître la Pédagogie Montessori et ce fut le coup de foudre. Enfin une pédagogie qui tient compte de qui sont mes enfants. 

J’ai été visiter des écoles. Et là en observant les éducatrice et l’ambiance de la classe, je me disais… « Je n’y arriverai jamais ! » Comme il n’y avait pas d’école vers chez nous, j’ai commencé à me former. 

A l’époque, je travaillais de nuit à l’hôpital et quand j’avais un moment de libre, je fabriquais mon matériel que je présentais à mes filles le lendemain. Un soir, je me souviens de l’une d’elle me voyant fabriquer les Table de Seguin, elle me dit : « Waouh Maman! Tu nous le montres demain ? » « Oui » Ma fille m’a juste dit « Merci » Quel encouragement pour moi

J’ai fait les formations d’éducatrice 3-6 et 6-12, tout en continuant mon travail d’infirmière.

J’ai ouvert mon école Montessori

Et puis un jour, j’ai fait le grand saut… J’ai quitté mon métier et  j’ai ouvert une école avec l’une de mes amies. 

Lorsque j’étais infirmière, on me disait : « quel beau métier ! Tu aides les gens !».  Oui, c’était vrai ! Mais pour moi d’accompagner les enfants dans la découverte du monde, c’est comme les mettre au monde ! C’est un beau et noble métier et j’en suis si fière ! 

J’ai beaucoup travaillé dans des classes 6-9 et 6-12 et à plusieurs reprises, J’ai eu des enfants en difficultés, et même porteurs de handicaps. 

J’ai participé à la création de 2 centres de formation Montessori AMI. Accompagner des adultes dans la découverte de ce qu’est réellement un enfant et suivre l’évolution de chacun à travers une pédagogie bienveillante, quel privilège !

Montessori pour les enfants en situation de handicap

Il y a quelques années, j’ai été contacté par une école en Suisse, qui dispose de 2 classes spécialisées avec des enfants à besoins spécifiques (poly handicapés). L’équipe voyant que les enfants devant les « fiches » n’arrivaient pas à travailler cherchaient une autre façon de faire. Ils ont fait le choix de la Pédagogie Montessori. 

Ce fut pour moi une véritable révélation, ces enfants m’ont emmené dans leur monde. Ils m’ont tant appris ! Ils ont réussi à faire tomber mes fausses croyances. J’ai découvert des enseignantes extraordinaires qui ont accepté de changer complètement leur façon de faire. 

Nous avons mis en place des ateliers et les résultats furent presque immédiats. Les enfants étaient heureux, calmes et concentrés C’était incroyable ! Les adultes me disaient « Mais je ne savais pas qu’ils étaient capables de tant de travail ! » « Ils sont si calmes ! » Et cette fois, les adultes étaient heureux et passionnés par ce qu’ils découvraient.

Je voudrais à travers ces vidéos partager avec vous ces quelques expériences. Et pourquoi pas, faire tomber des inquiétudes, voir même des préjugés qui nous empêchent de libérer le potentiel de chaque enfant. 

On ne peut pas réduire un enfant à son handicap, il est tellement plus ! N’est-ce pas ?